mercredi 10 décembre 2008

Rachida Dati Persécutée


ça faisait un bail que Nicolas n'était pas venu chez moi, à la ZUP.
J'avais beau téléphoner à Fadela, qui nous promettait à chaque fois une visite prochaine, rien n'y faisait.
Il n'arrivait jamais.
A la longue, je me suis inquiété.
Avait-il peur?
Allait-il bien?
Prenait-il ses médicaments?
(On l'avait vu, en plein délire, promettre de changer le monde marchand, puis verser aux nababs de l'oseille à la pelle, en leur recommandant, l'oeil halluciné, de tout distribuer aux pauvres.)
Tant pis pour la politesse, je résolus d'aller voir moi-même ce qu'il se passait à l'Elysée.
Autant vous le dire tout de suite, ce fut peine perdue. 
En période de crise, le petit hyperactif bouge tout le temps.
On n'arrive pas à mettre la main sur lui.
Il n'était pas là.
Mais je croisai dans les couloirs Rachida Dati, qui cherchait un cabinet.
Le sien ne fonctionnait plus très bien, depuis les démissions successives de son dir cab et du directeur adjoint.

-Tu te rends compte les salauds? Laisser tomber une femme enceinte!

Elle était folle de rage, ce qui l'embellissait encore :

-Ah! parce que c'est eux le père de...?

-Et pourquoi pas? Ne suis-je pas suffisamment désirable?

-De fait, pour qui aime déshabiller en Dior...

-N'ai-je point aucun charme?

-Tu es tellement belle quand tu es en colère!

-Exactement! mais ces béotiens n'en ont cure.

-ça te donne un petit air intelligent qui te va comme un gant.

-Et ce n'était pas facile, crois-moi, d'obtenir cet air-là.
J'en ai bavé.

-Dis donc, c'est bien 20, le nombre de types qui ont démissionné de ton cabinet?

-21, tu oublies le premier.

-Olivier Ubeda? Il ne compte pas, il était parti avant qu'on le nomme officiellement.

-Il l'a payé cher, tout de même : ancien directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, on le trouve aujourd'hhui conseiller municipal à Melle.

-Chez Ségolène?

-Au fond du Poitou, exact.

-Disons 21, alors.

-Ils le font exprès, j'en suis sûre, de tous démissionner.

-La chose n'est pas fréquente dans la fonction publique.

-21 en 18 mois! C'est de l'acharnement...

-Tu crois qu'ils te veulent du mal?

-Ils conspirent ma perte, c'est évident.
Ils ne supportent pas que je sois une femme.

-N'exagère pas, Rachida : depuis Margareth Thatcher, tout le monde respecte les femmes autant que les hommes.

-Et pourquoi pas Golda Meir, tant que tu y es?
Ne me parle pas de ces vieilles horreurs.

-Ne sont-ce pas des femmes, elles aussi?

-Pas des vraies.
Les vraies sont comme moi : amants, bijoux, fringues hors de prix et crises de nerfs.

-Et les hommes comme Nicolas : gonzesses, breloques, costards couture et pétages de plombs?

-On le lui reproche assez, justement.
Et de n'avoir jamais, de sa vie, ouvert un livre.

-Ne me dis pas qu'on te le reproche aussi.

-Hélas, si.

-Pourtant, tous tes diplômes...

-Ils disent que je les ai trouvés dans une pochette-surprise.

-Et ce n'est pas vrai?

-Alors là, je t'arrête tout de suite : tu le vois, le nombre d'imbéciles qui sort chaque année de la fac de droit?

-Il me semble qu'il est même en légère augmentation.

-Le suis-je moins qu'eux?

-Je n'ai jamais dit ça.

-Qu'y-a-t-il de scandaleux à ce que j'en fasse partie?

-Rien, je l'avoue.

-On m'a rendu justice en m'accordant ces diplômes.

-Je n'en disconviens pas.

-Non, tout ceci est un prétexte.
En fait ils ne supportent pas que je sois une beur.

-Certains, probablement, voient ça d'un mauvais oeil.

-C'est odieux.
(snif)

-Ne pleure pas, Rachida, ces gens sont méprisables.

-Après tout ce que j'ai fait pour eux!

-Il y en a tant que ça, à l'UMP?

-Non, aux maghrébins : après tout ce que j'ai fait pour eux.

-Pardon?

-Les peines incompressibles, tu crois que c'est pour qui?

-Mais... pour tout le monde.

-Pas tout à fait : seulement les gens qu'on met en prison.

-Of course.

-C'est-à-dire, le plus souvent, des jeunes dealers d'origine bronzée!
Et la zonzon pour les mômes à 12 ans, ça concerne qui, à ton avis?
Les petites élèves de la Présentation de Marie?

-Je pensais plutôt aux gosses des quartiers défavorisés.

-Tout juste! qui sont, majoritairement, des Africains de souche.
Et l'on vient, après ça, me reprocher d'être arabe!
(Snif snif)

-Allons, allons, un peu de courage...

-Alors que je ne pense qu'à leur taper dessus et à les foutre en taule!
(snif)

-Justement, ça ne te gênes pas, étant arabe...?

-Qui t'as dit que j'étais arabe?

-Mais...

-Dis-moi franchement : est-ce que tu trouves qu'Omar Charif a une tête d'arabe?

-Heu... Pas vraiment.

-L'Aga Khan, il a l'air arabe?

-Alors là, pas du tout!

-Et moi, est-ce que j'ai une physionomie à faire du couscous?

-Tu veux rire, j'espère!

-CQFD.
Il n'y a qu'une sorte d'arabes : les traine-misère.
Dont je ne fais strictement pas partie.
Et contre lesquels nous serons sans pitié.

-Tout de même, Rachida, tu n'as pas peur qu'on t'accuse de racisme?
Après tout, il y a bien des juifs antisémites.

-C'est bien mal nous connaître, Nicolas et moi.
Nous ne sommes absolument pas racistes.
Le sarkozysme, comme dit Bernard "rice" Kouchner, est un humanisme.
Le plus beau de tous, peut-être.
(snif)
Excuse-moi, c'est l'émotion.
Il ne se connaît qu'un ennemi : les pauvres.
Qu'il tient à l'oeil.
Et n'exècre qu'un seul groupe humain : les très très pauvres.
Qu'il rafle et met en camps.
Sans distinction de race, d'origine ou de religion.
Même si, bien souvent, il sont assez bronzés.

-Bon c'est pas le tout, Rachida, faut que j'y aille.
J'ai le TGV à 7 plombes.
Bonne continuation!

-Merci.
Bon retour!

Elle s'éloigna, gracieuse, pourrissant tout en marchant les collaborateurs qui l'accompagnaient.
Ah! Rachida : trop mignonne lorsqu'elle est en colère.

Aucun commentaire: