lundi 23 novembre 2009

Fermé Pour Cause De Travaux


Jusqu'en mars, en fait.
Après, j'en foutrai plus une secousse.
Bises à tou(te)s.

mardi 3 novembre 2009

Le Prix Spécial des Polices du Même Nom


Cette année encore, je n'ai pas été sélectionné pour le Goncourt.
Je vais finir par en prendre l'habitude.
De toutes façons, je m'en fiche, j'ai mieux que ça, un prix moins tapageur et nettement plus élitiste.
C'est top secret, comme les services qui l'organisent : j'ai mes chances pour le Prix (spécial) des Polices (du même nom).
Autour de moi, personne n'ose y croire, mais ça fait longtemps que je me doute de quelque chose.
Lorsque mon livre est sorti (l'Affaire Colonna), j'ai tout de suite remarqué que mon nom, mon blog, avaient disparu des référencements Google.
Autrefois, je figurais en première page (quatrième position) à la requête "amate" (c'est mon nom).
Là, plus rien.
Plus de blog.
Disparu.
Les quarante premières pages du référencement, volatilisé.
Je me rencontrais parfois, rarement, mais c'était chez les autres.
Chez moi, plus rien.
Je n'existais plus. Il n'y avait plus de chez moi. Mon blog, mon joli blog, et son millier de visiteurs par semaine s'étaient dématérialisé, et dans mon for intérieur, je l'ai tout de suite su : les Polices (spéciales) m'avaient pré-sélectionné, j'allais peut-être avoir un prix.
Le coeur tremblant d'émotion, je me suis ouvert de mes folles espérances à mon entourage, des anarchistes chevronnés très au fait de ce qui peut ou pas intéresser les Polices.
Ils s'inquiétèrent pour ma santé mentale.
Comment pouvais-je, humble vermisseau, prétendre à de si flatteuses distinctions pour un ouvrage sans idées véritables?
Je sais, j'ai trop d'orgueil.
Parfois, je délire.
Mais justement, c'est à ça que ça sert, les amis, à revenir à la réalité quand on court le risque de s'en échapper.
Dans les jours qui suivirent, je vis qu'ils avaient raison : mon nom reparut peu à peu.
Oh, certes pas en première page, mais enfin pas trop loin, dans les dix premières.
Il fallait s'en convaincre, personne ne m'avait remarqué.
Au contraire, on m'avait oublié pendant que j'écrivais mon livre.
Je voulus connaître la profondeur du mal.
J'effectuai la requête "palindromes".
Autrefois, j'y figurais en position honnorable.
Pas aussi bien qu'avec la requête "amate" : palindromes est un nom commun, illustré de Pérec à Debord par d'éminentes personnalités, et en plus il y a un film qui porte ce titre.
J'avais mis du temps à percer, ça n'avait pas été facile.
Je n'attendais pas monts et merveilles de cette requête.
Or, qu'y vis-je, d'entrée?
Mon blog, tout en haut de la page, en deuxième position, juste derrière wikipedia, on ne pouvait pas faire mieux.
Alors (car j'ai du vice, voyez-vous, c'est là mon défaut), j'ai tapé "amate palindromes", où j'aurais dû, cette fois-ci, griller wikipedia.
Et là walou.
De nouveau, j'avais disparu : on n'arrivait plus à trouver le blog.
Cette fois-ci, je ne prévins pas mes amis.
Je préférai leur faire croire que ma crise de paranoïa se dissipait peu à peu.
(Il faut, chaque fois qu'on le peut, éviter de se retrouver en HP.)
Mais, dans le fond, j'avais repris espoir.
Cela ne dura guère.
Les semaines passèrent.
La situation se normalisa.
J'étais de retour en première page de Google, aux alentours de la dixième position, comme si on ne s'occupait plus de moi.
La presse ne signalait pas la parution de mon livre, les journalistes qui avaient promis de faire un papier s'étaient tous défilés, à la Fnac, sur Amazon, il fallait attendre une à quatre semaines pour avoir le bouquin alors que les autres c'était 24 heures.
Les signe d'un désintérêt général à l'égard de l'Affaire Colonna s'accumulaient.
Je finissais par me ranger à l'opinion de mes amis selon laquelle j'avais écrit un livre superflu, lorsque l'alim de mon portable passa de vie à trépas.
Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase.
J'achetai de quoi me monter un PC, un vrai, pas un note book, c'est des trucs de loser.
Que je chargeai avec windows 7, la dernière version.
Et j'entreprends (c'était hier) de récupérer un à un l'essentiel de mes liens favoris.
Au moment où arrive le tour de mon blog, je tape "amate" (c'est moins long que "palindromes").
Et là, stupéfaction, rien.
Ni en première, ni en deuxième, ni en troisième page.
Je regarde mieux : en fait, je n'étais plus sur Google, j'étais revenu sur Bing (le remplaçant de MSN, le moteur de recherche de Windows, et qui n'a plus l'apparence d'une usine à gaz un soir de Mardi Gras, maintenant on peut le confondre avec quelque chose de pratiquable).
Et sur Bing-MSN, c'était comme aux plus beaux jours de la sortie du livre : je n'existais plus.
Vite, je revins sur Google, et là, pas de problème ; j'étais là.
Je ne voudrais pas évoquer inutilement les mânes de Jacques Lacan, mais chacun aura reconnu l'expérience du for-da qu'il rappelle au début des Ecrits, et qui serait à la base de la pensée symbolique, c'est-à-dire de tout langage : j'y suis, j'y suis pas.
Elle procure à bébé toutes ses émotions alternativement heureuses et malheureuses (et par la suite, quand il grandit, c'est la même chose, surtout avec les mecs et les gonzesses qu'il fréquente).
Après quelques secondes de ce jeu passionnant, j'avisai que j'étais sur Google web (c'est automatique), et pas sur Google France (qu'on peut choisir à la place).
Je cliquais donc pour établir une requête "amate" sur Google France et là, j'eus la satisfaction de voir que c'était comme avec Bing : rien du tout.
c'était donc là le secret.
En fait, je n'étais nullement tombé en disgrâce.
Seul Google international me reconnaissait, donnant ainsi l'illusion d'une négligence à mon égard.
A Google France, on ne m'avait pas oublié : j'étais toujours le chouchou des lardus.
Il en allait de même sur Yahoo : j'étais présent sur la planète, mais fort heureusement invisible depuis la mère-patrie.
AOL et Voila ne faisaient pas la différence entre la France et l'étranger : je figurais en première page.
Orange non plus ne faisait pas de différence, mais devinez quoi, j'y étais ou pas?
Cherchez vous-même, je vous laisse la surprise.
Aujourd'hui, je ne doute plus.
J'ai bel et bien été sélectionné par les Polices.
Et ce prix, c'est moi qui vais l'avoir.
Je regarde la concurrence : je n'en ai pas.
Pendant plusieurs semaines, j'ai été en tête des ventes des essais politiques à la Fnac, (en dépit des petits handicaps que je vous ai dit, et qui vont de soi : il fallait bien équilibrer les chances de tout le monde, sinon, que serait-il resté aux autres?)
Déjà, implicitement, la grande distribution avait voté pour moi : elle m'avait pratiquement mis hors concours.
La presse était unanime (sauf en Corse, pour d'évidentes raison) : même le localier de mon quartier, à Lyon, avait renoncé à faire un article lorsqu'il avait su le sujet du livre.
Sur le conseil, m'avait-il précisé, d'un sien ami général de gendarmerie (le localier est lui-même un ancien gendarme).
Ce qui renforce mes certitudes.
D'évidence, j'ai fortement impressionné les cognes-jurés.
Je serai cet année le lauréat du Prix Spécial des Polices du Même Nom, que ça vous plaise ou non.
Je sais, c'est injuste pour les autres.
Il y en a tant qui l'auraient mérité plus que moi, surtout parmi les anarchistes et les révolutionnaires, tant de grands subversifs dont l'Histoire retiendra les noms.
Je sais, je ne mérite pas de leur passer devant dans la voie des honneurs.
Mais il faut savoir saisir sa chance lorsqu'elle se présente.
Je ne vais tout de même pas bouder mon plaisir.


jeudi 29 octobre 2009

L'Affaire Colonna


Ce qu'il y a de sympa quand on parle, c'est qu'on peut dire des tas de conneries.
Ce qu'il y a d'un peu rude, quand c'est à la radio, c'est qu'elle sont enregistrées.
Ainsi, moi qui vous écris, j'en ai raconté trois belles, dans l'interview.
D'abord, l'émotion, j'ai deux fois dit qu'Alessandri, Ferrandi, Colonna, avaient pris 30 ans alors que c'est perpète.
Remarquez, à d'autres endroits je me rattrape : j'annonce du chtar ad lib;
N'empêche.
ça la fout mal.
Et le pire, c'est avec Dreyfus. Je parle du bon flic-colonel, celui qui l'a sauvé, et au moment de dire son nom, je trouve qu'Henry, l'ignoble faussaire.
C'est carrément la honte, pour Picquart.
Remarquez, on était quatre dans le studio.
Sur le coup, un doute m'effleure : c'est bien Henry, son blase?
On entend leur réponse, à tous : meueuouais, zyva, fais pas chier, accélère.
Là, je leur ai téléphoné : on peut pas mettre l'interview sur mon blog, avec des conneries pareilles.
Comment qu'ils m'ont ramassé : mais bien sûr que si, de toutes façons on en a rien à foutre de ces deux types, personne les connait.
Personne?
Et si, malgré tout il y avait une personne, une seule, qui garde la mémoire du brave général Picquart (muté, cassé, emprisonné, exilé, chassé de l'armée sans droit à pension, pour avoir, seul militaire contre tous, civils et militaires, défendu Dreyfus)?
Et qui m'en veuille?
Mon plus précieux lecteur, mon semblable, mon frère?
Je ne me le pardonnerais jamais.
Mais ma carrière avant tout.
Voici, pour tous les autres, de vrais morceaux de ma vraie voix, enchâssés à Radio Grille Ouverte, dans le podcast en bas :

vendredi 23 octobre 2009

La Disparition des Départements

Je ne vais pas te mentir : dans ce post, il y a plein de cartes, et la plupart font mal aux yeux, tellement elles sont petites.
Cependant, si tu cliques dessus, tu pourras les avoir plus grandes.
Et cette bonne chose de faite, je démarre :



Cette semaine, j'étais à Nîmes, devant la télé (je ne la regarde qu'en voyage, pour partager les humbles bonheurs de la population locale).
On y parlait de la suppression prochaine des départements (recommandée par les commissions Attali et Balladur, et entamée avec l'instauration des nouvelles plaques minéralogiques et la disparition des conseils généraux).
Ils étaient là plusieurs savants (dont un journaliste de l'Express, ce qui n'est pas peu dire) lorsque Guy Carcassonne (prof à Paris-X et à Sciences Po Paname, total respect) émit un jugement définitif.
Les départements étaient une création de la Révolution (anti-naturelle comme souvent la Révolution), opérée sur des critères de taille (ces gens-là avaient la manie des mathématiques) qui n'avaient rien à voir avec les moyens modernes de communication (il fallait à l'époque qu'on puisse joindre la préfecture en une journée à cheval de n'importe quel endroit du département) : il n'était que trop juste de les supprimer enfin.

Je ne sais pas.
Si j'avais été en Lozère ou dans l'Hérault, j'aurais peut-être été d'accord.
Ce sont des départements compacts :


L'Hérault se traine un peu en longueur le long de la mer, mais l'arrière-pays est montagneux, on s'y déplace moins vite, ça compense.
Le Gard, par contre, c'est un mystère.
Il a, certes, une taille comparable aux autres, et on sent le soucis de procéder à un découpage régulier du territoire national.
Mais pourquoi y mettre Le Vigan?


Encore aujourd'hui, il est plus facile, plus rapide et plus court d'aller à Montpellier, depuis Le Vigan, en passant par Ganges, que de se rendre à Nîmes :


Imagine un peu la galère que c'était à l'époque du cheval : franchement, on ne comprend pas.
Wikipedia a une autre explication : selon elle, les départements ne seraient pas à proprement parler une invention de la Révolution.
L'idée était dans l'air, sous Louis XVI, et même le mot, déjà.
En fait, la Constituante aurait repris les circonscriptions électorales utilisées par l'Ancien Régime pour convoquer les Etats Généraux à Versailles.
Si tu veux, Wiki.
Vérifions, ça ne coûte rien :


Tu le vois, le Gard?
Attends, j'en ai une autre :


Voilà, c'est un peu mieux et Ô puteborgne! ils nous avaient chouravé Aigues-Mortes et le Grau du Roi!
Et pourquoi donc que la Constituante (merci, la Con) nous les a restitués?
Pour nous permettre d'aller à la plage sans sortir de chez nous?
Tu n'y es pas du tout, et un simple coup d'oeil à la carte ci-dessus montre que les départements n'ont pas eu pour modèle les circonscriptions électorales de 1788.
Par contre, les circonscriptions fiscales, oui :

ou, si tu préfères, les diocèses :

Regarde-moi ça, si c'est pas beau : le Gard, c'est, à un chouïa près, les diocèses de Nîmes (avec Aigues-Mortes et le Grau, donc), d'Alès (avec le Vigan), et Uzes.
Ceci dit, si tu connais un peu le Gard, tu te poses des questions.
Nîmes et Uzes, c'est la plaine et les collines, Alès c'est les Cévennes jusqu'à l'Aigoual (1700 m).
Dans un cas c'est des huguenots de la guerre des camisards, républicains dès le départ (Alès), et dans l'autre des royalistes insurgés du Midi (Uzes) ou des Camelots du Roi excessivement catholiques (Nîmes et son "petit peuple admirable de la rue Enclos-Rey, précisait Bernanos).
Enfin, pour couronner le tout, on parlait le languedocien à Alès, et le provençal à Nîmes et Uzès.
ça ne se parle plus vraiment, mais l'accent qui en subsiste n'est pas le même, et les expressions locales non plus.
Bref, pourquoi avoir rattaché Alès à Nîmes et Uzes plutôt qu'à Lodève et Millau, tandis qu'Arles et la Camargue auraient parfaitement fait l'affaire pour compléter le Gard?
En fait, l'explication est là :

Tout simplement parce qu'1790, la séparation d'Alès et Nîmes en deux évêchés différents n'avait pas 100 ans.
Sinon, depuis toujours, c'était le même diocèse :


correspondant aux mêmes divisions administratives :



cela quelles que soient les vicissitudes politiques :


Depuis toujours, en fait, depuis avant même que la France existe :


La Révolution avait un peu rationnalisé tout ça :


Elle n'avait en revanche, et en dépit des apparences, rien créé d'artificiel.
C'est pourquoi l'identité départementale est forte dans le pays : elle a, contrairement à ce qu'on croit à Sciences Po et à la télévision, des racines extrêmement profondes.
Autour du Gard, la Lozère est peu ou prou l'ancien Gévaudan, l'Ardèche le Vivarais, le Vaucluse les Etats du Pape, l'Aveyron le Rouergue, tous pays auxquels les populations s'identifient encore, et parfois sous le nom que ces régions avaient avant la Révolution.
On a vu le tolé qu'a soulevé le projet d'abandon du numéro de département sur les plaques minéralogiques.
Les gens n'ont pas envie de se voir retirer une part si infime soit-elle, de leur identité.
L'époque les a déjà déplacés, déclassés, elle leur a retiré leur travail, leur retraite, leur quartier, leurs parents, et jusqu'aux dimanches en famille.
Ils n'ont pas besoin qu'on en rajoute, ça aurait même tendance à les inquiéter vaguement.
Et si l'on tient absolument à le faire, il vaut mieux savoir que ça ne sera pas politiquement gratuit.
Je crains que le coût de cette modernisation ne s'avère ruineuse pour la popularité de Nicolas Sarkozy : les dangers qu'on ignore sont les plus destructeurs.

samedi 17 octobre 2009

Pédiaddiction


C'est le problème : quand on a goùté une fois à la pédophilie, on ne peut plus s'en passer.

Fourniret, par exemple, un virtuose du vol, du viol, des tortures et de l'assassinat.

C'est à peine s'il a touché à la pédophilie, une gamine de 12 ans violée et assassinée, sur une douzaine de meurtres avoués.

Il y en avait aussi d'autres très jeunes (de toutes façons elles étaient toutes très jeunes, la plus vieille avait 20 ans), mais elles avaient passé l'age légal de l'enfance.


Car la pédophilie, comme son nom l'indique, concerne les enfants, et non les adolescents.

On s'en convainc en deux clics sur le net :


La pédophilie désigne une préférence sexuelle d'un adulte envers les enfants prépubères ou en début de puberté1

F65.4 : Paedophilia : A sexual preference for children, boys or girls or both, usually of prepubertal or early pubertal age.

La limite légale de l'enfance est généralement fixée à 13 ans.
La communauté scientifique n'est pas si précise :

La puberté de la fille, entre le début et la fin, s’étale sur deux à trois ans, généralement entre 10 et 15 ans.

Mais elle fixe un age moyen plus précoce :

L’âge d’apparition des premières règles, qui marque la fin de la puberté, se situe en moyenne vers 12,5 ans.

Voire carrément plus jeune :
Selon une étude publiée dans la revue Pediatrics1 en avril 1997, la puberté apparaît de plus en plus jeune chez les filles. L’âge moyen de développement de la poitrine et d’apparition des poils pubiens se situe à un peu plus de 9 ans pour les fillettes de type caucasien et à 8 ans pour les Afro-américaines. Menée sur 17 077 filles, cette étude abaissait considérablement les critères qui étaient alors en vigueur.

Si la puberté (dont le début est aussi celui de l'adolescence) dure deux à trois ans, il faut considérer qu'en moyenne les actes pédophiles concernent des victimes en dessous de 11 ou 12 ans (12,5 moins 1 ou 2 ans).
En conséquence, on pourrait même se demander si Fourniret a jamais commis un seul acte pédophile de sa vie, au sens propre du terme.
Lui, son truc, disait-il, c'était les jeunes filles vierges, pas les enfants.

Mais ne chipotons pas, la loi est la loi, elle fait en France (comme aux Etats-Unis, d'ailleurs) une différence entre les mineurs de moins 13 ans (appelés children aux USA) et ceux de moins de 15 (ou 18, appelés seulement minors).
Fourniret a bien été pédophile.
Borderline vous en conviendrez, et nettement moins affirmé que, par exemple, Christian Beaulieu (viol et meurtre de Matthias, 4 ans) : on voit la différence.
Ce n'était pas réellement sa spécialité : plutôt une bavure au sein son activité principale, le rapt, viol et meurtre d'adolescentes.
On aurait pu croire que ces différents crimes suffiraient à assurer sa triste célébrité.
Ce ne fut pas l'opinion des médias.
Tout ceci, trop fade, trop prosaïque, ne les intéressait pas vraiment.
Ils ne retinrent que l'aspect pédophile, pourtant très marginal, de son activité, et ne l'appellent plus que "le pédophile Fourniret".

J'entends bien que la France devait combler son retard sur la Belgique, qui possédait l'enviable Dutroux.
Mais je crois surtout qu'à trop fréquenter les Belges, qui refaisaient leur unité nationale à coup de Marches Blanches sur Bruxelles, nos médias n'aient chopé la vilaine habitude de se shooter à la pédophilie pour voir la France en tricolore.
Car tel est le danger de cette forme de criminalité : dès qu'on en a, on en reveut, on ne peut plus s'en passer.
On tuerait pour ça.
Comme ce fut le cas à Outreau, où l'insistance à se procurer du pédophile provoqua la mort de François Mourmand, mis au frais faute de mieux, et suicidé sur place, en prison.

Ce phénomène de société est devenu si important qu'on ne trouve plus assez de pédophiles pour satisfaire les besoins des nombreux pédophilomanes.
La presse, les politiques, les donneurs de leçon, partout, tous les milieux, de l'extrême-gauche à l'extrême-droite, des plus riches aux plus pauvres, à la télé comme sur les blogs, hurlent leur manque de pédophiles avec des accès de fureur difficiles à contrôler.
Ils se jettent sur n'importe quoi qui passe à leur portée.
Polanski, par exemple.
Sa victime allait avoir 14 ans, elle était pubère depuis longtemps, et personne en Californie n'avait songé à inculper le gros dégueulasse de "Child Molestation", comme ils disent lorsqu'il s'agit d'un enfant.
Mais seulement d'"Unlawful Intercourse", pour les mineurs à partir de 13 ans.
On pouvait croire qu'il serait difficile de vendre son cas aux amateurs de pédophilie.
Et bien pas du tout.
On se l'arrache.
On le trouve excellent.
C'est partout "le pédophile Polanski", comme on a eu "le pédophile Fourniret", produit de substitution au "pédophile Dutroux".

Jusqu'à Seb(astien Fontenelle), qui trouve que c'est de la bonne et de la pas coupée.
Tu lui dis le contraire, et il t'aligne un post :

Et là, stupéfiante surprise : Finkie, ulcéré par la « persécution »du pauvre Polanski, énonce, très posément, que « la plaignante », à 13 ans, « n’était pas (...) une enfant ».

De sorte que l’aimable Polanski, contre qui se déchaîne une« fureur de la persécution », « n’est pas » (du tout)« pédophile » [2].


Bon, d'accord, c'est Finkielkraut.

Seb ne le supporte pas.

Mais tout de même.

Pour en arriver là, il faut qu'il soit sérieusement en manque lui aussi.


Tout ceci m'inquiète, et je voudrais adresser une solennelle mise en garde à mes amis pédophilomanes.

Si vous continuez à prendre n'importe quelle came pour de la pédophilie, et n'importe qui pour des pédophiles, les accidents se multiplieront.

Je ne parle pas seulement de bad trips, comme avec Mittérand ou Polanski, mais aussi d'accidents mortels, comme à Outreau.

Tôt ou tard, il faudra légaliser, afin que chacun de vous puisse se procurer de vrais pédophiles, sans risque et garantis par l'état, en quantité suffisante.

On ne pourra le faire qu'en pédophilisant l'adolescence (constituée d'individus entre 10 et 18 ans selon l'OMS, mais jusqu'à 19 ou 25 ans selon d'autres autorités).


Envisagez-vous les ravages sociaux que provoquerait le choix de 25 ans comme limite supérieure de l'adolescence?

Même si, dans l'absolu, la criminilisation des relations sexuelles pour les moins de 19 ans inclurait nécessairement celle des adolescents entre eux, comme c'est normal en cas de pédophilie, ce qui constituerait un immense progrès moral?

Le mieux est trop souvent l'ennemi du bien.

Croyez-moi, chers amis, la solution la plus saine et la plus simple est encore d'auto-réguler votre consommation de pédophiles dans les limites aujourd'hui permises par le législateur.


lundi 12 octobre 2009

Pédérastie, Pédophilie, et Tutti Quanti


Plus je connais Frédéric Mitterrand, et plus il m'épate.
ça n'a pas toujours été le cas.
Il me faisait autrefois penser à, je ne dis pas à Bernard Kouchner, n'exagérerons rien, mais à Jack Lang ou Eric Besson.
Tout a changé quand j'ai téléchargé illégalement Fortunat, un film de 1960, avec Bourvil et Michèle Morgan.
12 ans, une tête à claques, Frédéric Robert c'est lui, dans le rôle de Maurice Valencourt, fils de famille arrogant et brillant.
Une autorité, un naturel, une justesse de ton, parfaitement exceptionnels.
Les années ont passé, et puis les décennies, Frédéric n'est plus le même, mais le talent est encore là, intact.
Comme le prouve sa dernière prestation, à TF1, avec Laurence, la journaliste préférée de la famille sarkozyste, dans le rôle du contradicteur.
Et de nouveau, l'admiration m'a submergé.
Quel acteur! Tout est vrai dans son jeu.

Bref, l'autre jour, je me suis empaillé avec Ernest-Edouard à la librairie où je bosse (à l'oeil et lui aussi, nous ne sommes pas vénaux).
Il se demandait pourquoi j'avais dans mon dernier post défendu Polanski, cette hyène cinématographe.
Dans la foulée, je lui ai appris que je défendais également Mitterrand, ce pervers indigne de foi.
Je vous passe son écoeurement (Hé-Hé a des enfants), et sa désolation de constater qu'un anarchiste, un camarade, presque un ami, puisse déplorer l'envoi de personnes en prison.
Remarquez, lui aussi est contre la prison.
Mais pas pour les pédophiles, surtout s'ils sont sodomites (hétérosexuels, je vous rassure, Ernest n'a rien contre les gays).
Ceux-là, tant mieux.
Qu'ils crèvent.

J'eus beau protester qu'il confondait Roman et Fourniret, Frédéric et Dutroux, rien n'y fit.
Bien fait pour eux, c'était son dernier mot.
En désespoir de cause, je tentais d'avancer les arguments de la raison politique : l'oppression, les libertés, la présomption d'innocence, le droit à une justice équitable et sereine.
ça ne fit qu'empirer la situation.
Il ne voulait que les lyncher.
Il allait me taper dessus si j'essayais encore de l'en empêcher.
Nous recommandâmes deux bières (on avait continué au bistrot d'en face), et nous quittâmes bons amis.
Grâce à Dieu, Ernest-Edouard ne sait pas où j'habite.
C'est en toute tranquillité et depuis chez moi que je reprends la discussion.

Commençons par le commencement : j'ai le regret de t'apprendre, Ernest, que la pédophilie n'existe pas plus que les pédophiles, aux yeux de la loi en tous cas (pas sur la tête, s'il te plait).
Le code pénal n'en fait aucune mention.

Je sens que ça va être un peu long, j'espère que tu as tout ton temps.
Le mot pédophilie date de 1968 (excellente année, par ailleurs).
Il désignait, dans l'esprit de l'époque, une forme d'éducation non répressive à l'égard des enfants.
Tout comme le terme pédérastie désignait au départ un moment éducatif chez les Grecs.
Mais celui-ci n'était plus utilisable pour d'évidentes raisons.
On choisit d'en forger un nouveau, qui n'aurait aucune connotation sexuelle.
Ce ne fut pas, comme tu vois, une franche réussite.
Pédophilie a purement et simplement remplacé pédérastie dans le champ sémantique des perversités sexuelles.
La pédérastie, dans la Grèce antique, consistait en une période de deux mois, précédant immédiatement l'accession officielle de l'adolescent au statut d'adulte.
L'impétrant était alors confié à un homme fait, qui complétait son éducation, et recevait en remerciement les faveurs érotiques de son disciple.
Ne me demandez pas si tout ceci était moral ou non.
C'était comme ça, c'est tout, en en tous cas c'était légal.
Dès que le christianisme devint religion officielle dans l'Empire, il mit fin à cette pratique immonde, comme d'ailleurs à toutes les autres en matière de sexualité.
Ne subsista que la position du missionnaire entre personnes religieusement mariées, et à condition de ne pas en abuser.

Au moyen age, l'homosexualité fut nommée sodomie (sur laquelle s'abat la colère du Tout-Puissant), bougrerie (ainsi qu'on appelait le catharisme, "tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens"), ou stupre (lorsqu'il s'agissait d'un adolescent, et c'était le même mot pour les veuves et les jeunes filles vierges).
Au XIXe siècle, on utilisa pédérastie pour désigner les relations sexuelles entre hommes, sans distinction d'age.
On essaya de lui sustituer les termes plus précis de philopédie concernant les garçons et homosexualité concernant les adultes.
Seul ce dernier s'imposa.
Pédérastie se spécialisa alors sur les garçons d'age pubère et pré-pubère.
A la fin du XXe siècle on commença à le remplacer par pédophilie, nouvellement créé.
Sa signification n'est pas encore stabilisée de nos jours.
Elle tend à désigner l'attirance sexuelle à l'égard des enfants, garçons ou filles d'age pré-pubère.
Mais le terme d'éphébophilie pour désigner l'attirance à l'égard des pubères n'a pas d'usage courant.
On utilise parfois le terme de pédophilie, comme un substitut à celui de pédéraste au sens du siècle dernier.

C'est justement cette imprécision du sens qui permet à mon excellent camarade Ernest-Edouard, libertaire depuis toujours, de partager avec Marine Le Pen, fasciste de naissance, la même opinion sur Frédéric Mittérand, homosexuel notoire.
A moi aussi, mon cher Ernest, ces pratiques, à des degrés divers me répugnent.
Mais il ne s'agit pas de nos répugnances.
Il s'agit du droit, de la justice et d'hommes en prison.

Je regardais hier, sur Daily Motion l'intervention du papa de Marine, Jean-Marie.
Il y développait quelques arguments semblables aux tiens, et tout d'abord que Polanski avait violé une gamine.
Du calme, ne nous emballons pas.
Il y a certes eu viol puisque, de toutes façons, elle était mineure.
La loi suppose qu'en raison de leur age, les mineurs ne disposent pas d'un discernement suffisant pour vouloir pleinement une relation sexuelle.
En avoir une avec eux lorsqu'on est adulte constitue un viol.
Mais quant au reste, ça se discute.

Tu as, en bas de ce post, un extrait de la déposition de la victime à l'époque des faits (tiré d'un article de Dominic Lawson du Independant, qui est favorable à l'extradition, la condamnation et l'incarcération de Polanski).
C'est supposé être accablant.
Mais tu remarqueras que le violeur n'a exercé aucune violence physique, ni proféré aucune menace, que la victime ne s'est pas débattue et qu'elle n'a pas crié. Il ne l'a pas prise par surprise, puisqu'ils ont longuement discuté du moyen d'éviter qu'elle ne tombe enceinte, et cela indique au passage qu'il ne s'agissait pas d'une enfant, au sens strict du terme, mais d'une jeune fille pubère (j'y reviendrai).
Jean-Marie, quant à lui, précise qu'elle avait été saoulée et droguée, et ceci explique sans doute cela.
C'est à voir.
La police a établi qu'ils avaient bu du champagne et pris du Quaalude.
Ce sédatif était à l'époque la drogue récréative la plus répandue, pour ses vertus aphrodisiaques, dans le monde anglo-saxon (en France, on utilisait son équivalant, le Mandrax).
Peu d'alcool et peu de Quaalude suffisaient à coucher au sol pendant quelques minutes l'individu le plus résistant, dans un état de béatitude consciente.
A forte dose, des symptômes plus alarmants apparaissent.
Rien de tel dans ce cas.
Il faut croire qu'il s'agissait de doses minimes, seulement faites pour euphoriser.
Ce n'est d'ailleurs pas à cet état artificiel d'euphorie que la victime impute son acceptation de la relation sexuelle, mais à la crainte que lui inspirait Polanski.

Il est tout à fait possible, dans ces conditions, qu'elle ait été violée, mais il est probable, s'il l'a fait, qu'il ne s'en soit pas rendu compte.
Il peut avoir cru, en l'absence de signes évidents de refus, et comme l'indique sa recommandation de ne pas dire à sa mère "notre petit secret", qu'elle avait cédé à ses avances après les avoir, dans un premier temps, refusées.

Quinze jours après la dénonciation faite à la police, on demanda à la jeune fille de déposer en justice.
Concernant le viol, elle refusa.
Les accusateurs ne retinrent contre Polanski que l'inculpation de pratique sexuelle illégale.
La demande d'extradition dont il fait actuellement l'objet y a rajouté d'autres délits, relatifs à l'alcool et à la drogue au cours de cette soirée.
Elle ne mentionne pas le viol.
Contrairement à ce que font Jean-Marie Le Pen ou Daniel Cohn-Bendit.
Eux sont certains du viol.
Après tout, pourquoi pas? Si c'est leur point de vue...
Ils ont seulement tort d'affirmer des choses que la justice n'a pas constatées.
Mais qui sait? Un jour peut-être ils auront raison : le procès le dira.

En ce qui concerne la pédophilie, c'est différent : Jean-Marie calomnie purement et simplement.
Il existe une différence entre puberté et majorité sexuelle.
Cette dernière est à 15 ans et trois mois dans notre pays, 18 en Californie.
En Europe (et sans refaire comme dans mon dernier post le tour du monde des majorités sexuelles) les différents pays la fixent entre 12 et 17 ans (deux à 12, un à 17, et le plus grand nombre à 14 ou 15).
On voit que certains ont choisi un age proche de la puberté, tandis que d'autres on préféré ne pas trop s'éloigner de la majorité civile.
La pédophilie n'a pas de réalité légale : la loi ne parle que d'atteintes sexuelles sur mineurs.
En revanche, elle a une réalité scientifique, pour laquelle une définition a été donnée, et une norme fixée.
Selon le DSM-IV, seule autorité universellement reconnue en la matière, il s'agit d'une "attirance sexuelle pour les enfants au sens d'individus impubères (généralement d'un âge inférieur ou égal à treize ans)" (wikipedia).
La loi française, qui ne parle pas de puberté, la reconnait de fait, au même age que donne le DSM-IV..
Elle précise que les atteintes sexuelles sur mineurs sont plus graves lorsqu'il s'agit d'enfants de 13 ans ou moins.

Or, la victime de Polanski allait avoir 14 ans dans deux semaines et elle était, selon sa déposition, pubère.
Polanski a un problème avec la loi californienne fixant la majorité sexuelle à 18 ans. Il en aurait eu aussi un en France (15 ans), mais aucun aux Pays-Bas (12) ou en Espagne (13), et nulle part pour pédophilie.
Sauf, évidemment, auprès de Jean-Marie et de tous ceux qui, soucieux d'avenir et de modernité, voudraient étendre le champs des interdits sexuels liés à l'age au delà de celui fixé par l'église catholique (12 ans elle aussi : en-dessous, c'est du stupre).

Ce qui vaut pour Polanski vaut a fortiori pour Frédéric Mitterrand.
Jean-Marie, élargissant le concept de pédophilie à l'attirance pour les éphèbes, dont Frédo serait friand, prétend qu'il ment lorsqu'il prétend n'avoir baisé en Thaïlande qu'avec un camionneur et un ex-boxeur.
Et qu'il s'agit en réalité d'un pédophile.
D'une part je lui ferai remarquer qu'on peut être redoutable au combat tout en étant imberbe, comme l'étaient Alexandre le Grand et la plupart de ses compagnons, justement appelés l'éphébie.
La poésie grecque caractérisait l'éphèbe comme un jeune homme aux cuisses sans pilosité et au visage sans ride.
On peut avoir longtemps cette apparence.
J'ignore si Jean-Marie fréquente beaucoup les asiatiques.
Parmi ceux que je connais, il y en a beaucoup, adultes, qui correspondent à la description que les Grecs faisaient des éphèbes.
Alors, pourquoi pas un camionneur et un ex-boxeur?

Tu m'as dit, Ernest, qu'il n'était de toutes façons pas question de défendre deux individus, Polanski et Mitterrand, qui n'avaient rien à voir avec nous, et n'étaient pas de notre bord.
Je suis bien certain que la majorité de nos camarades est du même avis que toi, mais je le déplore.
La politique ne consiste pas à seulement s'intéresser aux gens que nous trouvons sympathiques.
Elle consiste aussi à défendre nos principes, parmi lesquels le lynchage ne figure pas.



Dominic Lawson: Let's not forget what Polanski did

Tuesday, 29 September 2009

"Q. What did you do when he said, 'Let's go into the other room'?

A. I was going 'No, I think I better go home', because I was afraid. So I just went and I sat down on the couch.

Q. What were you afraid of?

A. Him.... He sat down beside me and asked if I was OK. I said 'No'.

Q. What did he say?

A. He goes 'Well, you'll be better'. And I go, 'No I won't. I have to go home. He said 'I'll take you home soon'.

Q. Then what happened?

A. Then he went down and he started performing cuddliness... I was kind of dizzy, you know, like things were kind of blurry sometimes. I was having trouble with my coordination... I wasn't fighting really because I, you know, there was no one else there and I had no place to go."

Q. Did he ask you about being on the pill?

A. He asked, he goes, 'Are you on the pill?' and I went, 'No' and he goes 'When did you have your period?' and I said, 'I don't know. A week or two. I'm not sure'... He goes, 'Come on. You have to remember'. And I told him I didn't.... and right after I said I was not on the pill... and he goes... and then he put me – wait. Then he lifted my legs up farther and he went in through my anus.

Q. Did you resist at that time?

A. A little bit, but not really, because...

Q. Because what?

A. Because I was afraid of him."

This testimony took place barely two weeks after the incident – Samantha Galley did not obey Polanski's demand that she not tell her mother about "our little secret."