jeudi 20 mars 2008

Le Grand Soir


Ma chère Emcee,

Ces municipales furent un plaisir, et la déconfiture de l'Ump un vrai bonheur.

Personnellement, je ne vote pas.

Ce n'est pas une position de principe, puisque je suis anarchiste et que, dans nos structures et collectifs, on vote à tous propos.
Ce n'est pas par désintérêt non plus, j'ai une âme de supporter, et j'adore la compétition.
Mais voilà : les périodes électorales ne sont pas propices à la seule solution raisonnable qui puisse résoudre les problèmes du pays, je veux parler de la grève générale.

Alors, je m'abstiens.

Pour ce qui est des municipales, les avis anarchistes sont partagés.
Certains pensent qu'on peut sans risque y participer, puisqu'on n'y élit pas des organes de pouvoir directement hostiles, par nature, à la grève générale.

Je ne sais pas.
Je me méfie quand même.
En tous cas, dimanche, je ne suis pas allé voter.

C'est ainsi que dès lundi, j'étais d'attaque pour te parler de la plus brûlante actualité post-électorale : le Grand Soir.
Puisqu'aussi bien dimanche dernier ils nous ont annonçé, avant même la fin du distrayant intermède des municipales, et de peur que nous nous fassions des idées, la suite du programme : d'urgence, niquer les retraites et racketter les pauvres (car il faut rentrer la thune -telle est leur devise- égarée dans les poches des salariés, où elle n'a rien à faire).

Les directions syndicales, coufies de gens qui votent et font voter, sont, pour cette raison-même, directement hostiles à la grève générale.
Elles pensent que les choses sérieuses sont du ressort des partis politiques.

Et si elles rêvent encore d'un corps à corps avec le pouvoir, elles pensent plutôt à celui du tango argentin qu'à la lutte gréco-romaine.

Ce n'est donc pas elles qui s'opposeront au programme gouvernemental.
Leur ambition se limite à demander que toutes ces exactions ne se passent pas sans elles, ni leur précieux concours.
Quitte à lacher dans les rues leurs grévistes pour obtenir de meilleures places à la table du pouvoir.
Ce qui, bien sur, ne fait jamais plaisir à ceux qui y sont déjà.

C'est pour cela qu'on va, dans le même temps que les réformes de la retraite et de la sécu, et parmi cet immense chantier, faire aussi celle des syndicats, qui pouvait pourtant attendre six mois de plus, puisqu'elle attendait déjà depuis 124 ans (le 21 mars 1884, joyeux anniversaire à tous).

Car Nicolas avait de longue date prévu le coup.

Ce n'est certes pas que toutes ces organisations ouvrières menacent excessivement les réformes à venir.
Concernant le passage aux 41 années de cotisations entre 2008 et 2012, à raison d'un trimestre supplémentaire par an, voici la position de FO :

"FO est contre les 41,5 ans de cotisation"

Et voici celle de François Chérèque :

"Avant d'augmenter la durée de cotisation à 41 ans, il faut s'attaquer à la question des seniors."
(Car, en effet, c'est bien beau de faire bosser les gens jusqu'à pas d'age, encore faut-il leur trouver du boulot.)

Il en va de même pour la sécu.

Son trou est évalué à 9,5 milliards d'euros, tandis que la dette de l'Etat à son égard (les différentes taxes qu'il perçoit pour elle, comme celle sur les tabacs, et qu'il ne reverse pas) se monte à 20 milliards.

Il y a donc largement de quoi contester les mesures de déremboursement qui s'annoncent.

La CFTC, qui est en pointe dans ce combat, demande à l'Etat de :

"s'acquitter mensuellement de ses charges dues à l'assurance maladie"

Et ne rêve pas, il ne s'agit pas des 20 milliards qu'il lui doit, mais des 1,8 qu'il a reconnu lui devoir, après d'âpres et récentes négociations, et qu'il n'entend payer qu'en fin d'année, tandis que la sécu, contrainte d'avancer ces sommes, doit les emprunter, au prix que coûte le loyer de l'argent.

Tu vois, ma chère emcee, que ces différentes contestations sont éloignées de toute extravagance, et que les réformes sarkozyennes ne rencontrent pas d'insurmontables obstacles.

Oui, mais voilà, Nicolas n'a pas de temps à perdre.
Il avait prévu de boucler ça dans la première année de sa prézydence, et il ne lui reste maintenant que trois mois.

Car à la rentrée prochaine, ça risque de faire tard, et susciter du coup une grève générale (tu vois que je ne suis pas le seul à y penser, lui aussi ça le ronge).

Il n'est donc pas question de s'attarder en négociations.

C'est en prévision de ce timing serré qu'il a, dès son élection, déclanché le scandale de l'Uimm.

Il ne fait guère de doute aujourd'hui que les syndicats sont mouillés, et plutôt que de te lasser avec trop de citations, je te laisse réfléchir au petit lapsus qu'a commis ces derniers jours François Chérèque :

"En montrant du doigt les syndicats, on voulait cacher d'autres financements, et en particulier des financements politiques"

Il voulait sans doute dire dire «cacher de tout autres financements», mais voilà, il s'est contenté des «autres financements», et je lui accorde bien volontiers qu'il y en a probablement eu d'autres que ceux des syndicats, personne n'a jamais dit le contraire.

La BigBrotherisation du monde syndical (ou, si tu préfères, la réforme des règles de financement et de représentativité) était souhaitée de tous, à commencer par les intéressés eux-mêmes qui espéraient, selon leur habitude, tirer maints avantages d'une plus grande soumission à l'ordre établi.

C'était compter sans Nicolas, son caractère espiègle et son irrésistible penchant pour la brutalité.

L'affaire Gautier-Sauvagnac lui permet de régler à sa manière (c'est-à-dire à la hache) la normalisation du paysage syndical français.

Pour ce qui est du Medef, c'est fait, et c'était bien le principal.
Sans sa mise au pas, il n'aurait pas été possible de soumettre à l'Etat l'ensemble des syndicats.
Le patronat en favorisait certains, finançait des structures de base (ce qui permet aujourd'hui aux confédérations de se prétendre étrangères à de tels agissements), et était leur partenaire dans la cogestion des organismes paritaires.

Il a fallu lui arracher d'abord tous ces vassaux.

L'Uimm, qui était à la tête du système, n'a pas perdu grand chose de sa puissance au sein du patronat.
L'interim des mandats qu'elle a abandonnés est assuré par une organisation indépendante du Medef, l'Agpme, dont la particularité est d'être entièrement dépendante de l'Uimm, qui la finance.

Comme tu vois, elle n'est pas encore à la rue.

Mais elle a été contrainte à rentrer dans le rang : transparence des comptes, remise en jeu démocratique de ses mandats, rien ne sera plus comme avant.

Et c'est tout le syndicalisme français qui s'en trouve bouleversé.
La plupart des syndicats, à des degrés divers, et sous différentes formes, vivent désormais sous la menace du scandale.

Les plus compromis, et les plus désemparés, sont justement ceux qui voulaient pinailler sur la réforme du statut syndical, car ce sont les plus petits : FO, la CFTC et la CGC.

Ils étaient bien d'accord pour qu'on les finance.
Mais pas pour qu'on fixe le seuil de représentativité à 15
% des voix, par exemple, aux élections professionnelles.

A ce compte-là, ils passent à la trappe.

Or les voici privés de toute liberté d'agir par l'affaire de l'Uimm, et de toute protection efficace de la part d'un Medef affaibli.

Leur sort est suspendu au bon vouloir du gouvernement, qui les a prévenus : faute d'accord sur les règles de représentativité et de financement, il légifèrera.

Il n'y a pas besoin d'avoir fait Sciences Po pour deviner le reste : faute d'accord, vite fait bien fait, sur les retraites et la sécu, il n'y aura pas non plus d'accord sur la représentativité.
Et alors, maman, bobo.

On pataugera dans le sang jusqu'aux genoux dans les Bourses du Travail de France et de Navarre.

Toutefois, ne te bile pas trop pour eux : ils sauront plier et vite montrer le bon exemple, afin de sauver leur peau.

Quand aux grands syndicats, pourquoi bougeraient-ils?
D'une part, ils ne sont pas tout à fait sortis de l'auberge, ce qui incite à la prudence.

D'autre part, s'ils se montrent aussi dociles que les petits (et la concurrence est rude, mais pour la Cfdt ce sera un jeu d'enfant), ils prouveront l'inutilité de ces derniers.

Alors, peut-être, leur rêve se réalisera-t-il : un oligopole Cgt-Cfdt, essentiellement dépendant de l'Etat, et seul interlocuteur officiel du patronat et du gouvernement au niveau national.

Ce n'est donc pas demain la veille, ma chère emcee, que l'un d'entre eux nous appellera à la grève générale, et c'est pourquoi j'ai trouvé utile de t'en parler, plutôt que des municipales.

Car si nous ne nous occupons pas nous-mêmes de cette fameuse grève, personne ne nous l'apportera sur un plateau.

19 commentaires:

Anonyme a dit…

Cher gg,
Que d'honneur: un exposé limpide personnalisé! Ce n'est peut-être pas l'idéal pour rameuter les foules, mais bon...
Avec ces explications, je comprends mieux pourquoi tout nous tombe dessus irrévocablement. Même si j'avais constaté les dégâts sur le terrain.
Ce type (et ses conseillers et autres bas du front - et ce n'est pas le nouvel arrivage qui va remonter le niveau) sont vraiment des "charognes", comme il est de bon ton de le dire dans les milieux autorisés, comme disait Coluche.
Brièvement, j'ai voté, certes, mais plus par habitude que par conviction, et pour donner ma voix à une liste de gens improbables mais vaillants.
La ré-élection du maire sortant m'a évité, comme aux législatives, de me déplacer pour déposer un bulletin nul.
J'avoue avoir essayé d'inciter les gens aux présidentielles à voter pour la perruche au 2° tour. Parce que je me doutais un peu de ce qui allait se passer. Même si l'avenir n'était pas beaucoup plus ensoleillé sur l'adret.
Mais bon, il a fallu du temps, mais j'ai compris: je n'irai voter que pour des petites listes qui se démènent pour essayer de se faire entendre. Pour le reste, plus la peine de se lever.
Je comprends très bien le point de vue anarchiste.C'est logique.
C'est encore plus flagrant aujourd'hui quand on voit avec quelle avidité ils se répartissent les postes, s'allient et se désallient pour garder leurs prérogatives. On ne peut rien attendre de ces gens-là: ils sont prêts à vendre leur âme au diable.
Quant aux syndicats, c'est le même schéma.
Combien de victoires ont obtenues les travailleurs qu'ils ont mis sur le pavé depuis 2003? Wallou!
Ils les laissent s'enliser dans la grève et se pointent un beau jour en disant "bon, on a perdu, le gouvernement ne veut rien savoir, rentrez chez vous".
Combien de fric ont-ils fait perdre à ces pauvres gens, qui n'en avaient déjà pas à jeter? Tout ça pour montrer les dents.
Même pas honte.
Quand c'est un gouv de gauche, ils viennent nous dire "on ne peut pas mettre à mal le gouv, sinon, c'est la droite qui revient" et si c'est la droite, "on ne peut pas faire de grève générale", parce que la gauche "n'est pas prête".
A mon humble avis, elle n'est pas près d'être prête, la "gauche"!
Bon, je reviendrai, plus tard.

Adessias

Gérard Amate a dit…

Chère emcee,
Il y a énormément d'anars qui votent, ils rasent un peu les murs quand ça arrive, mais ils n'arrivent pas à s'en empécher.
Ils le font, je pense, avec la même lucidité résignée que les trois quarts de la population française, gauche et droite confondues, qui sait que ça ne change rien et que ce sont tous les mêmes, mais dans l'espoir de choisir peut-être une différence de détail.
Espoir bien vain : on vient de voir le président (adoubé par Bush) du FMI, DSK, féliciter la France pour ses réformes sarkozyennes et recommander qu'on les accélère, tout en se réservant la possibilité d'être, au second tour en 2012, le candidat unique de la gauche à la présidentielle.
Pour ce qui est des syndicats, on fête cette année mai 68, qu'on appelait mai-juin jusqu'à une époque récente, car la grande grève ouvrière eut lieu en juin, et le PC, les syndicats, ont longtemps parlé du magnifique résultat de ces grèves qui se conclurent par les accords de Grenelle (si prestigieux de nos jours).
Car ils ne manquent pas d'air.
Les accords furent signés le 27 mai 68, avant la grève générale, et pour éviter qu'elle ne se déclanche (et ce fut peine perdue, le pc et la cgt mirent tout un long mois à la faire cesser).
Ce ne sont pas des traitres, ma chère emcee, ou des timides, que la Cgt, Fo et la Cfdt : ce sont des ennemis.

Anonyme a dit…

Et que deviennent, par ex, Sud ou la CNT dans cette affaire?
Qui les financerait? les adhérents?

Gérard Amate a dit…

Sud n'est pas présent dans le privé, l'argent du patronat ne les concerne pas.
C'est un conglomérat (Solidaires) regroupant des syndicats différents, qui peuvent être hégémoniques comme le snui aux impôts, ou simplement forts comme sud-rail et sud-ptt; cogestionnaires du service (et ou) syndicats de lutte.
Là, l'Etat paye le fonctionnement, locaux, personnels détachés à la journée et à l'année, avantages divers, légaux et transparents.
Les petits sud, comme sud-éduc, en bavent, mais bénéficient des mêmes avantages, à leur échelle.
Les cnt ne sont nulle part, ni dans le privé, ni dans le public.
Elles n'ont donc aucun accès aux subventions, sauf parfois, mais rarement, les locaux, à l'occase.
Ce sont, de fait, les seuls syndicats fonctionnant essentiellement par les cotisations et le militantisme gratuit. Il faut cependant distinguer entre la cnt "française", qui demande à être reconnue par les syndicats officiels et les employeurs (essentiellement l'Etat), et la cnt-ait, qui ne veut aucune reconnaissance de ce genre, et qui, lorsque cela arrive, se contente d'appliquer le rapport de force, sans négociation.

Anonyme a dit…

Pouh! Tu m'en bouches un coin! Je suis syndiquée, mais je ne savais pas tout cela. Faut dire aussi que je n'y suis que pour râler - et pour faire les manifs.
Tu es une mine.
Encore une zone d'ombre: pourquoi les CNT ne sont ni dans le privé ni dans le public?
Ils sont où alors? Encore un truc que j'ai zappé?

Gérard Amate a dit…

C'était pour dire qu'à de rares exception près, on ne trouve pas deux cénétistes à la fois sur un même lieu de travail : ce syndicalisme est donc ailleurs, dans ses locaux, dans les manifs, dans des concerts.
Il a tout d'un parti (anar).
Il ne redevient syndicats que dans les mouvements de grève reliant plusieurs établissements.
C'est-à-dire très rarement, et mal.

Anonyme a dit…

Ah, d'accord! C'est vrai que je n'en connais pas beaucoup dans le monde du travail des CNT.
Mais, je ne peux pas considérer cela comme critère, vu que par ici, pour la population, être à la CGT, c'est déjà vouloir faire entrer les chardemoscous au coeur de la ville.
Tu dis qu'il y a des anars qui votent. Bin, oui, comme moi, en se disant qu'on ne sait jamais (mais en sachant bien que ...).
Mais, outre les résultats des élections et l'attitude pitoyable de certains élus, ce qui m'effraye le plus, c'est l'impasse dans laquelle se trouve la gauche actuellement.
Impasse dans laquelle elle s'enferre par des querelles vaines et une incapacité à "faire table rase du passé" pour créer un grand élan populaire.
Chaque groupuscule veut avoir la mainmise sur le potentiel qu'il pressent.
Et pendant ce temps, les idées du FN et la pensée unique gangrènent les médias, les politiques et tout ce qui a accès à un micro, comme ces "experts" qu'on nous ressort dans tous les débats.
Dans l'Obs, qu'on ne peut pas soupçonner d'être de gauche, ni anti-sémite, j'ai lu une critique sur le dernier livre d'EZ (pas de pub) et les extraits qu'il en donne sont l'exemple type de la décomplexion de ces gens-là.
Attention, c'est à vomir:
http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2263/articles/a370198.html
Et le pire, c'est que cette pestilence va se vendre comme des petits pains.

Et ne parlons pas de mai-68, complètement dévoyé par les médias, qui ne trouvent que ce c#?:§#rd de DCB pour illustrer ce qui s'est passé.
Bon, il faut que je parte.
Adessias

Gérard Amate a dit…

Je ne suis pas certain que les propos du personnage d'EZ (respectons, en effet, son anonymat) soient à prendre comme le Nouvel Obs l'indique : EZ, dans le civil, pourfend tous les communautarismes, et pas seulement le communautarisme musulman, si tu vois ce que je veux dire.
C'est un genre de chevènementiste de droite (et pardon pour le pléonasme, mais ce soir je fais dans la nuance).
Il a probablement voulu décrire ce qu'il redoute, à, savoir la balkanisation du pays, faute d'imposer un intégrisme républicain.
Qu'il se soit laissé allé à un gros délire raciste, c'est bien possible (je n'ai pas lu le livre, et je ne le lirai jamais, j'ai trop vécu en cité pour m'intéresser à ce que les bourgeois pensent de ces havres de paix où les huissiers ne viennent jamais, où l'Edf ne se risque pas à couper le jus, et où l'on ne croise les keufs que lorsqu'ils sont en bande, pour une opération spéciale, sinon ils passent à toute allure).
(Et une fois, à Nîmes, qu'ils s'étaient garés pour coller des pv de stationnement interdit, ils ont reçu du haut de l'immeuble un bloc de béton sur le capot, on ne les a plus revus d'un an ou deux)
(Ce n'est pas que le stationnement gênait, tu vois la largeur des boulevards dans les cités, mais c'était pour le principe de remettre de l'ordre la où ça se passe trop bien sans contrainte).
en tous cas, je te ferai remarquer que le gros délire raciste d'EZ est partagé par le Nouvel Obs qui lui reproche non de délirer, mais d'attiser les haines, ce en quoi le Nouvel Obs délire tout autant, et doublement, vu qu'en cité, quand on lit, c'est rarement les conneries du Nouvel Obs, et encore moins celles d'EZ.
Mais je trouve à EZ une excuse que je cherche en vain à l'Obs : lui, c'est du roman.

Anonyme a dit…

Heu... Je m'excuse de m'immiscer c'est juste que j'ai pas compris ce passage (de l'article, très intéressant, comme votre discussion...)c'est là : "les directions syndicales coufies de gens qui votent et font voter", "coufies" ???? kézako ?

Anonyme a dit…

bonsoir,gg
Je voulais relire l'article, mais je ne l'ai plus trouvé.
Donc, je ne ferai pas de com' sur ce que dit le journaliste (me souviens plus très bien).
Simplement, ces citations, même tirées d'une fiction, et même si l'auteur lui-même ne pense pas ce que dit le personnage, ne peuvent que conforter les bas du front dans leur bon droit de cracher leur haine.
Déjà qu'ils ne s'en privent pas!
Dans un pays où les "droits de l'hommistes" sont de plus en plus montrés du doigt, où la laïcité est de plus en plus menacée et où les idées frontistes triomphent à tous les niveaux de l'état, c'est très inquiétant.
Il n'y a qu'à voir, il est beaucoup pardonné à l'heure actuelle à ceux qui tiennent des propos islamophobes ou homophobes (cf Goasguen ou Vanneste, pour ne citer qu'eux) et cette indulgence est délibérée, justement pour encourager le repli communautaire et les amalgames.
Alors, qu'un journaliste médiatique se lâche comme cela, sachant, en plus qu'il sera lu par le tout venant, c'est grave.
On ne peut pas rire de tout avec tout le monde.

Bonne nuit
Adessias

Il faisait beau par là-bas?

Gérard Amate a dit…

Cher Anonyme,
Tu t'immisces pas souvent, mais quand tu le fais, tu frappes fort.
Coufi, je peux pas te dire exactement ce que ça veut dire et d'où çà vient.
J'ai entendu ça dans le Gard. Commme étymologie possible, il y a coufle (plein, gonflé) ou coufir (cuire à l'étouffée).
Et le sens dans lequel je l'ai employé, c'est plein à ras bord.
Et la prochaine fois j'éviterai ces mots douteux, mais là c'était un private joke, mettre un mot avec de l'accent pour emcee, qui est de Toulon.
Et, puisqu'on parle d'elle, ok emcee, le truc d'EZ est louche, mais celui du Nouvel Obs l'est tout autant : il accuse EZ de propos racistes que l'autre dénie. Ce faisant, il les accouche, et leur donne une publicité.
Moi, je me méfie de ces donneurs de leçons qui fixent des limites au racisme d'opinion, en même temps qu'à l'antiracisme en actes, tel Val, belle âme, mais qui comprend qu'on chasse le sans-papiers.
C'est les actes qui sont condamnables, pas les pensées.
Je crois aux vertus de la liberté d'expression.
Je comprends, certes, qu'un pays comme la France, où l'information audio-visuelle était toute entière gérée, il y a moins de trente ans, par le ministère de l'Information, et où la révérence des médias aux hommes de pouvoir est de règle comme de tradition, ne soit pas prêt à affronter la dure expérience de la liberté de parole.
Mais ce pays avait, de longue date, permis au roman d'exercer cette liberté.
C'est de moins en moins le cas.
Pas plus Romain Rolland que Nabokov ne trouveraient aujourd'hui d'éditeur pour Jean-Christophe ou Lolita.
Il est regrettable qu'au nom du bien public et du respect des victimes, l'un puisse être interdit pour antisémitisme et l'autre pour pédophilie.
(Oui, je sais, personne n'a jamais accusé Romain Rolland, communiste, prix Nobel de littérature, et inventeur du roman-fleuve, d'antisémitisme. Mais il fut aussi lauréat du prix Adolf Hitler pour son roman, prix qu'il eut le bon gout de refuser, mais qu'il n'avait pas eu celui de ne pas mériter (pour le tome deux, en Livre de Poche, de Jean-Christophe)).
Bref, je me méfie comme de la peste (brune) des jugements moraux en littérature.

Anonyme a dit…

C'est là que je ne suis pas d'accord: sur le mot "littérature".
Je suis entièrement d'accord avec toi sur la censure, mais là, on ne joue pas à armes égales.
Il ne s'agit pas de "littérature" mais de marketing et de blé à se faire - alors autant que ce soit démagogique et facile à lire et à comprendre pour les cerveaux disponibles.
Actuellement, n'importe quel pipole peut sortir un bouquin trash (cf le chéri des mémés) et le vendre en bien plus d'exemplaires qu'un véritable écrivain qui esssaie de vivre de sa plume.
Parce que le premier a accès aux médias (télé-trash, en partic.) et est complaisamment promu, si ce n'est encensé, sans discrimination.
Alors que le second n'aura qu'un lectorat limité (ceux qui lisent véritablement et qui ont d'autres références) s'il n'a pas le profil nécessaire pour causer dans le poste et défendre son bouquin et ses idées.
Donc, ce que je réprouve, ce n'est pas ce que peut dire ou ne pas dire l'auteur, mais c'est l'absence totale d'esprit critique dans les médias populaires qui vendent des livres comme Mc Machin vend des burgers. Sans état d'âme et au détriment de tout le reste.

Et, donc, finalement, la censure, elle s'exerce de fait sur tous ceux qui n'ont pas accès à la promotion.
Aux écrivains, quoi...

Coufi, je ne connais pas. Pas trouvé sur gogole.
Mais j'ai pas trouvé non plus la carte du Gard non plus. ;-D
En revanche, en Provence, on dit "clafi".
Voici qqs expressions à replacer pour briller en société et étonner ses amis.
http://www.chez.com/lespetitescroix/quelques_expressions.htm

Gérard Amate a dit…

Bon, pour te faire plaisir, et exceptionnellement parce qu'il s'agit d'EZ, je veux bien qu'on l'empale, et sur une hampe de drapeau, ça le consolera de ses malheurs.
Coufi, c'est peut-être moi qui l'ai rêvé, entre coufle et clafi.
C'est clair, les attaques contre le droitdel'hommisme cachent une remise en question des Droits de l'Homme.
Mais le droitdel'hommisme aussi, qui permet à Bush d'envahir l'Irak, à Urribe d'accuser les Farc de génocide, etc..., le hors-la-loi étant hors du droit humain, et vice-versa.

Quand à moi, plutôt que la position de gauche Pas de liberté pour les ennemis de la liberté, je préfère, à tout hasard, Il est interdit d'interdire.

Anonyme a dit…

qu'est-ce que c'est que cette histoire du Dt de L'hommiste qui permet à B d'envahir l'Irak?
Il ne faudrait pas faire l'amalgame entre ceux qui se revendiquent des DDH pour justifier les pires exactions et les vrais défenseurs des DDH. Qui sont contre la "Guerre", pour commencer. A fortiori les invasions illégitimes.

quant aux slogans, je n'aime ni l'un ni l'autre.
Et Z, lui, il peut faire ce qu'il veut dans sa chambrette de frustré atrabilaire.

Gérard Amate a dit…

Ne te mets pas en colère : cette histoire, comme tu dis, est une histoire vraie.
Je ne confonds pas du tout la LDH avec GWB, même si lui a voulu qu'on le confonde avec elle, hommage du vice à la vertu.
Mais justement, pour éviter ces manips, il faut ne pas relativiser les ddh. Dont la liberté d'expression. C'est-à-dire celle de nos ennemis, puisque celle de nos amis n'est pas un problème.
C'est ce que je voulais dire : même si c'est très con.

Anonyme a dit…

j'ai été un peu brutale pq j'étais pressée. Je devais aller à une conférence sur le Cambodge qui s'est avérée très intéressante.
Mais là, n'est pas le propos.

Je crois qu'on s'est mal compris (pourtant, il me semble que c'est ce que je disais ds mon com' précédent). Je ne dénie pas le droit à Truc d'écrire ce qu'il veut, mais je dis qu'il écrit des saloperies.
Ce que je trouve indécent et malsain, c'est qu'il puisse écrire cela sans que personne ne puisse lui donner la réplique sur le même terrain que lui, à savoir les grands médias.
Comme si ce qu'il écrivait était parole d'évangile ou chef-d'oeuvre immortel. point barre.
On doit pouvoir tout écrire, certes (sauf si cela tombe sour le coup de la loi), mais la liberté d'expression, c'est aussi qu'il y ait de la place pour les contradicteurs. Un droit de réponse, quoi.
Or, cette partie-là est complètement occultée. ORTF ou pas. Parce qu'il n'y a pas plus de liberté de parole aujourd'hui qu'il n'y en avait alors.

"Droit de l'hommisme", c'est une expression péjorative de Le P reprise par certains de l'ump, pas une posture de Bush, qui, lui, se revendiquait des DDH, carrément!
Aujourd'hui, les intellos-bobos, eux, fustigent les "alter" et les anti-racistes. Ce qui élargit encore le cercle des détracteurs de la gauche, en leur évitant toutefois, d'utiliser la sémantique de droite.

Gérard Amate a dit…

C'est de ma faute, si on s'est mal compris.
En fait, dès que j'entends parler du Nouvel Obs, j'entre en convulsions.
Y en a, c'est Philippe Val qui leur fait cet effet, moi c'est l'Obs et Libé.
Tiens, au fait : c'est un membre des Gracques (40) et ancien domestique de François Pinaut qui, en récompense de ses multiples et loyaux services, vient d'être nommé à la tête de l'Obs.
bises et mille excuses.

Anonyme a dit…

Je crois qu'on est toutafé d'accord. C'est plus une embrouille sur la terminologie, en fait.
D'ac sur ton opinion sur le NO que je ne supporte pas plus que les divagations des deux autres torchons.
La même clique qui veut prendre le pouvoir à gauche avec pour étendard la malléable Princess Royal (en reléguant la gauche dans les tréfonds glauques), façon Démocrates US, à savoir la même idéologie que la dte, mais avec la vaseline.
D'ailleurs, je n'aurais pas vu cet article s'il n'avait été publié sur rezo.

Anonyme a dit…

Je suppose que tu auras rectifié de toi-même, c'est moi qui ai écrit le com' précédent.
Erreur de manoeuvre.
Je ne fais que passer. je n'ai pas le temps aujourd'hui de lire ton dernier billet. Je veux bien le savourer. Allègre, un de mes favoris, tu penses!
Beez