jeudi 13 décembre 2007

Fadela Amara, Sa Vie, Son Oeuvre


Fadela est ministre.

Ministre des cités.

Elle connait la question.

Non pas qu'elle soit elle-même une nécessiteuse logée dans une ZUP : son mec, Mohamed Abdi, conseiller spécial de la ministre, et secrétaire général de Ni Putes Ni Soumises, vient de prendre en appel 18 mois de taule, dont 3 fermes, pour une escroquerie (à la formation professionnelle) qui a duré de 1993 à 1997.

On peut donc supposer que le couple n'a pas été continuement dans la misère : l'homme en tous cas savait ramener la thune, bien avant d'obtenir l'emploi respectable et rémunérateur qu'il doit à sa copine.

Si Fadela connait la question, c'est parce qu'elle s'en occupe depuis longtemps.

Qu'elle s'est faite une place au soleil à dénoncer les errements de la racaille banlieusarde et anti-féministe.


Depuis qu'elle a bénéficié d'une promotion, elle s'y donne à fond.

Les 25, 30, 40 % de chômeurs qu'on trouve dans les quartiers, vous pensiez qu'ils étaient salement dans la mouise, à tous points de vue?

Pas du tout! Ils sont dans la glandouille (qui est la mère de tous les vices), rétorque la ministre (et franchement, on est content pour eux, ça vaut toujours mieux que d'être au RMI).

Les émeutiers de Villiers-Le-Bel étaient-ils excédés, tout comme les non-émeutiers, d'habiter un ghetto d'Africains sans le sou, écrasés par la police?

Pas du tout! nous apprend Fadela :

Ce qui s'est passé, ce n'est pas une crise sociale. On est dans la violence urbaine, anarchique, portée par une minorité qui jette l'opprobre sur la majorité.


Sévère mais juste, Fadela : ça ne l'empêche pas de faire dans le social malgré tout, c'est l'autre aspect de son ministère :

nous travaillons sur trois axes : l'emploi, le désenclavement, l'éducation.

Trois axes à la fois, notez.

La difficulté ne lui fait pas peur.

Fadela Amara n'est pas ce qui s'appelle jolie, mais elle est courageuse.


L'éducation, pourtant, c'était pas gagné d'avance.

Avec 10 000 postes d'enseignants supprimés chaque année, j'aurais été à sa place, j'aurais laissé tomber.

Elle, non.

Elle s'est accrochée (c'est une battante).

Et elle a trouvé :

je souhaite, consacrer une journée à l’éducation au respect, comme nous avons une journée pour la fête de la musique.

Une journée d'éducation au respect, voilà exactement ce qu'il manquait à tous ces incivils!

Ça ira sûrement beaucoup mieux après.

Par contre, le côté festif m'échappe un peu.

L'éducation est-elle une fête, et le respect de la musique?

Fadela n'a pas l'air de bien faire la différence entre la rigolade et les trucs rébarbatifs.

Mais il ne faut pas lui en vouloir, avec son physique ingrat, ça n'a pas du être facile tous les jours, quand elle était à l'école.


Le désenclavement, pareil, a priori on ne voyait pas trés bien comment faire.

Transporter en ville les barres et les tours?

Les habitants du centre n'auraient jamais voulu.

Transporter le centre au milieu des cités?

Les Monuments Historiques s'y seraient opposé.

Là encore, Fadela a trouvé la solution, pratique et pas chère : les transports en commun!

Il y aura du bus, du métro, du tram.

Plein partout.

Beaucoup plus qu'aujourd'hui.

Comme ça, les smicards sans bagnole pourront facilement sortir, faire du shopping, du lèche-vitrines, aller au théâtre, se payer une petite soirée dans un bon restaurant, bref, profiter de la vie au lieu de rester tout le temps enfermés dans le béton.

Et, symétriquement, les bobos écolos du centre-ville, qui n'ont pas de voiture, viendront le dimanche faire un golf ou du polo sur les vastes pelouses des quartiers périphériques.


L'emploi (ou la glandouille, si vous préférez), c'était un challenge encore pire que les deux autres.

Fadela partait avec un gros handicap, puisqu'elle n'est pas ministre de l'Economie, ni même de l'Emploi, si bien que tous ces gros budgets lui échappent, pour aider les quartiers.

Mais ça ne l'empêche pas d'avoir des idées.

Et sa grande idée, qui lui tient particulièrement à coeur, à elle comme à Mohamed Abdi, c'est la formation professionnelle :

Comment parler de l’insertion et de la formation des jeunes quand on n’a même pas le droit d’évoquer une quelconque réforme du financement de la formation professionnelle? Je vous le demande solennellement, où est la République dans tout ça? Pourquoi ces situations figées? Ce sont des sommes colossales que l’on peut redéployer et mieux utiliser.

On peut leur faire confiance, ils sauront où les déployer, ces sommes colossales.

Ils ont déjà une petite expérience de la question.


Sinon, pour le reste, pas grand chose, à part :

créer du vrai travail en rapprochant l’offre et la demande.

S'il s'agissait d'un rapprochement physique ou affectif entre l'offre de travail (les jeunes) et la demande (les patrons), tous les espoirs seraient permis.

Mais vu les rapports tendus qui existent entre eux, ça n'est sûrement pas ça.

J'ai plutôt l'impression qu'il s'agit d'un rapprochement comptable.

Et là, force est de le constater, les zones franches, les emplois subventionnés 100 %, ça existe déjà.

On peut difficilement faire mieux, comme rapprochement.

Et résultat : zéro.


Par contre, il y a un chantier qui n'a rien à voir, et auquel Fadela tient beaucoup c'est celui des boites aux lettres.

Elle en parle tout le temps.

C'est comme une obsession :

Lors de mes visites dans les quartiers, je trouve souvent des cages d'escalier qui puent, des boîtes aux lettres cassées, des tags sur les murs

ne cesse-t-elle de répéter.

Ça me rappelle le bon vieux temps.

(Nous étions jeunes alors, même Fadela, qui était à SOS-Racisme) et Harlem Désir avait fait un tabac avec le coup des boites aux lettres (pour l'odeur, c'était Chirac qui s'en était occupé).

Elle a raison, Fadela, de s'acharner sur ce problème.

Elle y arrivera, le moment est favorable.

En effet, le budget 2008 a réduit les crédits du plan Rénovation Urbaine de 383 à 230 millions d'euros.

On aura donc tout le temps de penser aux cages d'escalier, puisque le reste, on ne peut plus s'en occuper.


Nicolas Sarkozy a un faible pour Fadela Amara, il lui a fait cadeau du Plan Marshall.

Vous vous souvenez, le Plan Marshall pour les banlieues?

Il devait être mis en place de toute urgence, au printemps.

Mais avant les vacances, on n'a pas eu le temps, il a fallu remettre à septembre.

Puis en septembre, on s'est donné jusqu'à novembre ou décembre, parce que Nicolas tenait à ce que Fadela s'en occupe.

Il a trouvé qu'elle était la mieux placée pour l'annoncer.

Sinon, il y avait un risque qu'on ne sache même pas qu'il existe, ce plan.

Alors qu'avec Fadela, il est tranquille, elle n'arrêtera pas d'en parler.

Ça la changera des boites aux lettres.

Et puis elle connait bien la banlieue, Fadela, elle sait qui s'achète et qui se vend.

Elle saura distribuer la thune.

Mais voilà, l'affaire traine.

Fadela n'est pas prète.

Ce sera pour janvier.

Ou février.

Elle consulte.

Et quand on lui reproche un peu tous ces retards, Fadela répond :

Je ne suis pas ma sorcière bien aimée, je ne peux pas toucher mon nez et que tout soit réglé.

Allons, allons, Fadela, ressaisis-toi.

Ce n'est pas parce que tu n'es pas très belle qu'on va te prendre pour une sorcière.

Et surtout pas une sorcière bien-aimée.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,

la descente en flammes est bien méritée, mais pourquoi toutes ses remarques inutiles et contre-productives sur le physique "ingrat". Pas jolie et corageuse va encore, on peut penser aux frères Grimm ("Une femme avait deux filles, l'une jolie et courageuse..."). Après, ça devient lourd !

Gérard Amate a dit…

Tu as raison, mais en fait c'est elle qui provoque ça ("je suis pas là pour faire la belle", "je suis pas la sorcière bien-aimée"), ça me donne envie de lui dire ce que j'en pense : qu'elle est moche.
Mais c'est un autre sujet...
A part ça, je suis catastrophé par la condamnation de Colonna. Quelle honte!

Anonyme a dit…

Très cher Gérard,
vous êtes catastrophé parce que vous le pensez innocent du crime ou parce que ce crime ne méritait pas ce verdict ?
(Serez-vous dans vos Cévennes entre Noël et Jour de l'An ?)

Gérard Amate a dit…

J'ai tendance à croire qu'Yvan colonna est innocent, en effet, mais ce qui me catastrophe c'est qu'on puisse condamner un homme sans preuve, contre l'avis des témoins, contre l'avis des experts, et avec l'assentiment d'une presse quasi-unanime.
Je vais faire un post à ce propos.
Et je serai à Ales en fin d'année.