dimanche 2 décembre 2007

La moto volée de Villiers-le-Bel


Ça s'arrange un peu pour Mohsin et Lakamy, les deux accidentés de Villiers-le-Bel.

Pas leur situation sanitaire : ils sont morts.

Mais leur situation légale.

Le dimanche 25, ils circulaient encore sur une moto volée :


dimanche 25 novembre 2007

Deux jeunes qui circulaient sur une moto cross volée à Villiers-le-Bel, dans le Val d’Oise, ont été tués dans une collision avec une voiture de police, ce qui a provoqué des échauffourées, apprend-on de sources policière et syndicale.

(...)

© LEMONDE.FR


Dimanche 25 Novembre 2007

Emeute à Villiers-le-Bel

Par Fabrice VOISIN
leJDD.fr

La mort, apparemment accidentelle, de deux adolescents entrés en collision avec un véhicule de police alors qu'ils circulaient sans casque sur une moto volée, a mis le feu aux poudres à Villiers-le-Bel. Plusieurs dizaines de jeunes réunis sur les lieux du drame ont incendié des véhicules et le poste de police de la ville. Un commissaire de police, blessé, a été hospitalisé.


Et à France Inter, que j'écoutais ce jour-là, toujours pareil, la moto volée.


Or, que lit-on récemment?


Un "banal accident" selon la DGPN

NOUVELOBS.COM | 01.12.2007 | 09:31 Le directeur général de la police nationale conclut à une simple collision. Selon lui, la moto "aurait pu aussi bien rentrer dans la voiture de devant ou celle de derrière". En outre, il charge les deux adolescents, morts dimanche soir, rappelant qu'ils ne portaient pas de casque, roulaient "à vive allure", sur un véhicule "pas homologué".


Entre moto volée et véhicule pas homologué, il y une grosse différence.

Dans le premier cas, voyez-vous, si la police les écrase, c'est par un effet de justice immanente.

Ils volent une moto et bang! Ils percutent quoi? Une voiture de police!

Le hasard fait bien les choses.

Alors que dans le deuxième cas, ça s'apparente plutôt à un suicide, accompagné de menus délits.


C'est la différence, et même une sacrée différence de pognon pour les familles des deux ados, qui n'auront rien à payer pour le vol de la moto.

Quand on est pauvre, ça compte.

Merci qui?

Merci les cognes!

Comme quoi, on en dit souvent du mal, et on a bien tort.

Regardez comme ils se sont bien conduits, dans cette affaire, à l'égard des personnes endeuillées : du tact, de l'humanité, de la compassion.

L'histoire du vol, on n'en parle plus, on passe l'éponge.

(Enfin, «bien conduire, dans cette affaire», c'est une image.

Disons plutôt «bien comporter», voilà, c'est ça, ils se sont bien comportés.)

Ils se sont comportés comme d'habitude, d'ailleurs.

Et les journalistes ont, comme d'habitude, fait leur devoir.

Leur devoir d'informateurs.

De la police.

Mais c'est la même chose.


Pour le vol de la moto, il n'y a pas de doute.

Sinon, à tous les coups, le Monde, le JDD, France Inter, l'agence Reuters (oui, je ne vous l'ai pas dit, mais c'est Reuters qui a informé du vol, à 8:19 CST, c'est à dire à 15h 19 de chez nous.

A 14h 20, première dépèche, pas de vol :


dim. nov. 25, 2007 7:20 CST

PARIS (Reuters) - Deux jeunes qui circulaient à moto à Villiers-le-Bel, dans le Val d'Oise, ont été tués dimanche après-midi dans une collision avec une voiture de police, apprend-on de sources policières.


Une heure plus tard, la moto était volée :


dim. nov. 25, 2007 8:19 CST

PARIS (Reuters) - Deux jeunes qui circulaient sur une moto cross volée à Villiers-le-Bel, dans le Val d'Oise, (...).)


Fermons la parenthèse.

Je disais donc, si la moto n'avait pas été volée, Reuters aurait publié un démenti que tout le monde aurait repris.


Regardez l'AFP, par exemple.

Le 25 au soir, elle annonce qu'un commissariat a été attaqué à Sarcelles.

(alors qu'en fait, c'était juste un flic qui avait dit ça pour rire)


25.11.07 | 21h54

le monde

Le commissariat de Sarcelles n'a pas été "assiégé" dimanche soir par des jeunes gens, comme l'avait affirmé un peu plus tôt un syndicat de police, a constaté un journaliste de l'AFP.

Nicolas Comte, secrétaire général du syndicat général de la police (SGP - FO), avait affirmé à l'AFP que le commissarait de Sarcelles avait été "assiégé" par des jeunes après l'accident mortel survenu avec la police à Villiers-Le-Bel (Val d'Oise).


Vous avez vu?

Tout de suite, le démenti.

C'est comme ça, les journalistes.


Et pourtant, un siège de commissariat, c'est pas grand chose.

Du moment qu'il ne brûle pas, c'est à peine une info.


Mais dès que le Monde a su qu'il s'agissait d'un mensonge, son sang n'a fait qu'un tour : pas de désinformation dans nos colonnes!

Aussi sec, un démenti.

Alors vous pensez, pour la moto...

Pour la moto, walou, pas la plus petite trace de démenti, rien chez Reuters, rien au Monde, rien au JDD.

Que dalle.

C'est dire.


Parcequ'enfin, si elle n'avait pas été volée, cette moto, c'aurait été, de la part des policiers (et un peu de la presse, aussi), comme aller pisser sur les cadavres des deux adolescents.

Ça ne se fait pas.

C'est des méthodes de voyous.

D'individus déstructurés.

Qui poussent à l'émeute, qui la désirent, qui l'annoncent, même quand elle n'est pas là (au commissariat de Sarcelles, par exemple).

Pour avoir le beau rôle.

Passer pour des victimes.

Et se rendre utiles. Enfin!

Et qui s'en branlent, qui s'en foutent, de cracher ou pas sur les morts du quartier.

Du coup,

ça aurait justifié un peu de haine de la part des habitants de Villiers-le-Bel, vite au courant de l'accusation mensongère (vous savez ce que c'est : le téléphone arabe.)

Je sais, la haine, c'est mal.

Mais comme disait Tacite :

C'est le propre de la nature humaine que de haïr celui qui a offensé.

On n'y peut rien, c'est comme ça.

Le président, qui a des lettres (ne fréquente-t-il pas johnny Hallyday et André Glucksman?), pense qu'il n'y a pas d'offense : il «récuse tout sentiment de haine à l'égard de la police».

C'est bien la preuve que la moto était volée.


Ceci dit, le président n'est pas rancunier, il a proné l'apaisement à Villiers-le-Bel, et en effet, la paix est revenue (après un peu d'émeutes), une bonne vieille paix, avec quelques centaines, un millier, ou plus, de CRS, un hélicoptère, ou deux, des drones, et, aux endroits stratégiques, les snipers du GIGN.

Ah! ça ne sortait pas beaucoup dans les rues, le soir, à Villiers, malgré la douceur du climat.

Comme disait Tacite

Où ils ont fait un désert, ils disent qu'ils ont fait la paix.

Et toute cette troupe reste encore un petit moment sur place car malheureusement, et ça Tacite l'avait déjà noté

Jamais la puissance n'est assez sûre, quand elle est excessive.



PS : pas d'autre post cette semaine, je m'en retourne al païs.

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