samedi 14 juillet 2007

Dominike SK



Alors que certains socialistes affamés allaient sous les lazzis quérir un bol de soupe à l'Elysée, le silence se fit quand apparut Strauss-Kahn.

Lui, c'était pas pareil.

Il ne venait pas fébrilement chercher une assiétée de bouillon clair mais, fièrement et sans dire merci, la dinde de Noël.

Il allait devenir l'un des grands de ce monde, président du Fond Monétaire International.

Un si bel appêtit force le respect.

Chacun, parmi la gauche de gouvernement, eut alors dans les yeux mille étoiles dansantes (sur un air de valse (de Strauss)).

On avait plaint Kouchner, méprisé Lang, ignoré Védrine. Dominique, lui, faisait l'objet d'une admiration universelle.

Ce poste, il l'avait mérité.

Il lui revenait de droit.

Le lui refuser eût constitué la pire des injustices.

Et en effet.

Qu'est-ce que le FMI?

La Mère de toutes les Banques.

Quand chaque banque centrale garantit le bon fonctionnement des banques de son pays. le FMI, lui, garantit le bon fonctionnement de toutes les banques centrales.

Un blème à la centrale? Plus une thune? Le FMI allonge la fraiche :

2001, 21,6 milliards de dollars à l'Argentine; 2000, 11 milliards à la Turquie; 1998, 41,5 au Brésil.

Et comme il tient à être remboursé (hé ho, c'est un prêt, pas un don, on n'est pas dans un conte de fées), il demande aux emprunteurs d'assainir dans la foulée leur économie (qui, forcément, connaissait à ce moment-là quelques petits soucis).

Rien de plus naturel, me direz-vous : c'est pour leur bien.

Certes.

Pour être tout à fait clair, précisons un détail du fonctionnement de cette organisation caritative :

Les différents pays membres du FMI n'y ont pas tous le même poids.

Ça dépend... Certains pèsent beaucoup, d'autres rien du tout.

Par exemple, les USA ont droit à 17,5 % des votes.

Comme les décisions se prennent à la majorité qualifiée de 85% des voix, les Etats-Unis, et eux seuls, y disposent d'un droit de veto permanent.

C'est vous dire qu'au nombre des mesures imposées aux pays emprunteurs par le FMI ne figure jamais la bolchevisation de la société.

Ni la nationalisation des MacDonald.

Ou même la construction d'écoles et d'hôpitaux.

Non, non, non.

Il s'agit plutôt de l'ouverture du pays aux capitaux étrangers.

La privatisation des services publics.

Et la libéralisation du marché du travail.

C'est-à-dire la disparition des protections sociales.

Voici la tâche à laquelle, au niveau mondial, Dominike Strauss-Kahn va s'atteler.

Et pour laquelle on le trouve, à gauche, sans égal

J'en vois d'ici, mauvais esprits, qui ricanent et crient au reniement du Parti Socialiste.

Ils ont mal lu, sans doute, en quoi consiste la rénovation du PS que Dominike appelle de ses voeux et qui ne suscite presque aucune critique interne.

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«Bonjour à toutes et à tous,

A l’orée des vacances d’été, qui permettront à tous de se reposer après une année politique chargée, je tiens à attirer ici votre attention sur les trois tribunes que j’ai signées récemment dans le Nouvel Observateur.

(...)

Le socialisme du réel doit être celui d’une gauche efficace au temps de la mondialisation.

(...)

Il n’y a pas d’avenir pour la France dans une vision trop étroitement nationale(...). Il n’y a pas d’avenir pour la gauche dans une vision trop étroitement sociale(...).

(...)

"La lutte des classes", la réduction "en dernière instance" de l’ensemble des inégalités au clivage capital / travail, l’illusion d’un prolétariat homogène et uni entraînant dans son sillage l’ensemble du salariat ne constituent certes plus les principaux leitmotivs du discours socialiste.

(...)

Le temps n’est plus où la gauche pouvait se contenter d’être le porte-parole du seul prolétariat dans un monde injuste.

(...)

Enfin, cet Etat social renouvelé doit désormais promouvoir cette catégorie d’entrepreneurs qui inventent notre avenir. Nous devons les considérer comme d’authentiques acteurs du progrès social et non comme des "ennemis de classe" à vouer aux gémonies.

(...)

Rien n’est tabou : sur le financement des retraites, l’évolution du système de santé, la réforme du marché du travail, la reconfiguration territoriale des services publics,

(...)

la gauche a refusé de prendre toute la mesure de la perte de compétitivité de l’économie française et a continué de faire comme si l’on pouvait redistribuer sans trop se préoccuper de produire.

(...)

On ne peut plus se contenter d’aider les pauvres

(...)

Nos politiques sociales sont ensuite trop monétaires : elles reposent excessivement sur le versement d’allocations

(...)

Nous voyons tous aujourd’hui que les remboursements ne suffisent plus à garantir l’amélioration de l’état de santé des individus,

(...)

Nous voyons aussi que l’augmentation de l’allocation de rentrée scolaire n’est pas véritablement un gage de la réussite à l’école.»

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Bref, Dominike propose de confier au patronat le soin de construire le socialisme en France, et ça commence de suite en arrêtant de gaver les pauvres avec toute cette thune foutue en l'air pour pas grand chose.

Est-ce que la Sécu empêche de mourir?

Est-ce qu'un cartable neuf apprend à lire aux enfants?

Non, n'est-ce pas.

Or ces dépenses inconsidérées se font toujours sur le dos des riches.

Qui du coup n'ont plus un radis pour édifier le socialisme.

Et qui c'est qui trinque, en définitive?

Les pauvres, condamnés (par la faute de leur propre avidité) à vivre dans une société injuste.


On voit que les point de convergeance entre la politique du FMI et celle du PS ne sont pas minces.

D'ailleurs, en partant des mêmes excellents sentiments et du même bon sens que les socialistes, le FMI a récemment conduit l'Argentine à la ruine, provoqué la crise asiatique, affamé le Sénégal et livré le sol Maurétanien aux transnationales de l'agro-alimentaire.

Un bilan qui, toutes proportions gardées, rappelle un peu celui de la Gauche au pouvoir.

Il n'y a donc aucune contradiction à vouloir être tout à la fois président du Fond Monétaire International et candidat du PS à la présidence de la République.


Dominike promet d'ailleurs de pratiquer une politique de gauche au FMI et, pour tout dire, tiers-mondiste :

« La période qui vient doit être celle de l’adaptation du FMI à la nouvelle donne créée par la mondialisation financière. Il va en effet falloir redéfinir les missions du Fonds ainsi que la place respective des différents partenaires, notamment en donnant aux pays émergents le rôle qui leur revient. »


Les USA ne lui refuseront sûrement pas ce plaisir.

En effet, les pays de la zone euro détiennent en tout 22,66% des votes au FMI. S'ils se coordonnaient mieux, ils accèderaient eux aussi au privilège du veto.

Un accroissement du pouvoir des pays émergeants ne pouvant se faire qu'au détriment des européens, il n'y a pas de raison pour que les américains s'en offusquent.

Bien au contraire.

On est bien mieux seul au pouvoir qu'en compagnie, fut-elle amicale.



Les citations de DSK sont tirées de son blog sur le site Socialisme et Démocratie.

Et puis je pars demain al païs.

Bladi, au bled.

Il n'y aura pas de post samedi prochain. Bises.

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