samedi 7 juillet 2007

Addictions




Cette semaine, pas de politique, si ce n'est, brièvement, Julliard (assurons le suivi de l'affaire).

Il était mercredi au Téléphone Sonne, sur France Inter, avec d'autres spécialistes de la Réforme Des Universités (un vice-président, deux pontes du ministère, et lui comme chez lui déjà, parmi ce beau monde, au nom des étudiants).

Il y a confirmé le bien qu'il pensait de ce projet indispensable, tout en assumant son rôle d'opposant principal aux pouvoirs constitués : seul de cette fine équipe à oser un mot de critique, il a trouvé la réforme « insuffisante » (sic).

Ouch!

Battling Bruno a encore frappé.

L'attaque était d'une rare violence.


Non, cette semaine, je voudrais vous entretenir d'un sujet qui me tient à coeur : les drogues (dures).

J'ai eu (j'ai encore) un problème de drogue, qui s'est tout de suite posé quand j'ai voulu arrêter deux d'entre elles, la clope et la télé.

Je n'ai jamais pu me résoudre à jeter ma télé, comme certains le préconisent : trop dur affectivement, trop lourd à porter et parfois trop loin, quand les voisins sont des fanatiques du tri sélectif et qu'ils te regardent d'un sale oeil dès qu'un peu de plastoc dépasse du sac poubelle.

Je n'ai jamais eu le courage d'aller la jeter, mais je l'ai laissée sur place, lors de mon dernier déménagement.

C'était une jolie petite télé design, à la robe bleu-ciel.

Elle est restée plantée là, au milieu de la pièce vide (et sale), attachée au mur par le fil électrique.

J'ignore si elle a été balancée ou récupérée par un nouveau maître.

Je ne me rappelle plus très bien ce que j'y regardais : aucun film, aucune émission ne me reste en mémoire, à part les législatives de 97 et peut-être un peu de foot en 98, mais sans certitude absolue, pendant la Coupe du Monde j'étais au Portugal.

Au fond, peut-être que je ne la regardais plus beaucoup, mais comment savoir?

C'est si lointain, 7 ans déjà...

J'ai abandonné ma télé en 2000.

Pas plus tôt arrivés dans le nouvel appart, le gosse, avec les thunes de son anniversaire est allé s'acheter la dernière Nitendo.

Qui marchait que branchée sur un poste télé.

Il a bien fallu trouver une solution.

On en a racheté une.

On l'a mise dans une chambre loin de la prise d'antenne.

Qui de toutes façon était mal fixée.

Et que j'ai arrachée.

Voilà.

Les ponts étaient coupés.

Mais j'ai connu des moments difficiles.

Aux élections, particulièrement. (Comme tout le monde, j'adore voir la tête qu'ils font le soir du résultat.)

En 2002, j''ai tout essayé, enfoncé du fil de fer pour faire antenne, un vieux cintre en ferraille, une chaise en acier, rien ne marchait.

C'est une fourchette en inox, tordue et bien orientée, qui m'a sauvé la vie.

A la suite de quoi, j'ai connu une petite rechute d'un ou deux mois.

Ou trois ou quatre, c'est difficile de se rappeler, c'est comme un grand trou noir. J'ai le vague souvenir d'être resté longtemps allongé sur le lit, à regarder l'écran.

Cette fois-là, j'ai arrêté tout seul, décroché sans problème. Il faut dire que capter les émissions à la fourchette, c'est pas top.

L'image n'est pas nette.

Et d'ailleurs, à la longue, ça s'était déréglé.

Même au couteau à pain, on captait plus rien.

J'ai pas insisté.

Depuis, je suis parfaitement désintoxiqué.

Mon fils a grandi, il vient de se payer une PS3 et, pour aller avec, un écran home-cinema qui fait aussi télé par la freebox.

Le soir des élections, 2007, on n'y a même pas jeté un oeil.


Et bien pour la cigarette, ça a été tout le contraire.

Aucune difficulté pour arrêter, ça faisait longtemps que je guettais l'occasion, et j'avais mûrement réfléchi le problème.

Je me suis mis aux cigares, d'abord quatre par jour, puis trois, puis deux, puis un de temps en temps, tout en saveurs, les Antilles, Java, Bornéo, Brésil, une vraie balade dans les mers du Sud.

J'avais pris en horreur la clope (américaine, US go home!) et son odeur infecte de papier cramé.

Je respirais à pleins poumons, retrouvant l'appêtit de vivre, et l'appêtit tout court.

Un an et douze kilos plus tard, j'étais au bord de calancher.

J'avais des palpitations après les repas, de la tachycardie en sortant balader, d'énormes suées en montant l'escalier, la surcharge pondérale était en train d'avoir ma peau.

Sans compter les dégats collatéraux.

Dans la rue, toutes les gonzesses que je croisais regardaient systématiquement ailleurs.

Je les dégoûtais.

Je n'existais plus.

J'ai passé par de sales moments.

J'ai eu envie de me foutre à l'eau (j'habite à Lyon, au bord du Rhone)

Ou sous une bagnole (à Lyon, l'autoroute passe par le centre-ville, c'est pratique)

On a aussi, le tram, le métro, le funiculaire, pour ceux qui préfèrent, et bien entendu plusieurs McDo.

J'ai repris la clope.

Ça n'a pas été facile, les premiers temps je n'arrivais pas à en fumer plus de quatre ou cinq par jour.

En ce moment j'en suis au paquet. Si le matin il en reste trop de la veille, j'ai un truc pour rattraper le coup.

Je vous le livre, n'en abusez pas : un litre de café au réveil et marcher de long en large dans l'appart en grillant clope sur clope (j'ai pas perdu la main, je peux encore m'en faire une bonne dizaine dans l'heure).

Après, pendant la journée, je le prends plus cool, tout en essayant de tenir le rythme d'au moins une par heure.

C'est un régime assez efficace.

En deux mois, j'ai reperdu 7 kilos, je n'ai plus de problème cardiaque, et les sueurs ont disparu.

Bien sûr, je n'ai pas retrouvé mon poids de départ, et les filles m'ignorent toujours autant dans la rue, s'arrêter de fumer crée des dégats irréversibles (vous êtes prévenus), mais au moins, ma santé n'est plus en danger.

Je peux de nouveau regarder l'avenir en face.


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