samedi 28 juillet 2007

Le Grand Frère de Rachida Dati


Une admiratrice (dont je tairai le nom mais qui se reconnaîtra) me demande de démolir Rachida Dati.

Ma chère Kiki Bou Larasse, il s'agit là d'une chose impossible.

On ne peut pas attaquer Rachida Dati.

Sauf à trainer le boulet d'une réputation raciste tous azimuths, anti-femme, anti-arabe, anti-pauvre, anti-cités.

Anti-arabe, surtout.

Et d'ailleurs, l'attaquer sur quoi?

Ses frangins dealers?

Elle est inattaquable : Djamal, qui avait pris six mois avec sursis, va se gaver, grace à sa soeur, 4 ans fermes. Il peut pleurer qu'il a changé de vie.

Elle lui enverra pas des oranges.

Ce n'est pas que Rachida n'ait pas le sens de la famille.

Au contraire.

Mais elle a été adoptée.

Elle a maintenant une nouvelle famille, bien plus jolie que l'ancienne.

Rachida a été adoptée à l'age de 22 ans par Albin Chalandon qui, dirigeait Elf à l'époque.

Albin a le coup d'oeil, il sait reconnaître les personnalités de valeur.

Par exemple, il avait acheté (cher) pour sa compagnie pétrolière le brevet des avions renifleurs (des avions qui reniflaient les gisements de pétrole quand ils survolaient une zone de prospection) que deux êtres d'exception lui avaient proposé.

Auparavant, il avait doté la France des fameuses chalandonnettes, ces villas clés en main qui s'autodétruisaient dès qu'on en prenait possession.

D'emblée, Albin a reconnu en Rachida un sujet d'élite.

Elle est étudiante (à bac + 2): elle intègre aussi sec la direction financière d'Elf-aquitaine (avouez que ça vous la coupe, c'est pas à vous que ça arriverait, une embellie pareille).

C'est fini, elle a été adoptée par les riches.

Ceux qui font aussi de la politique.

On ne lui prêtera jamais les jouets des vrais enfants de la famille, mais elle aura le droit de regarder, et de venir tout dire aux grandes personnes quand ça triche ou ça se dispute.

On lui confie des audits financiers, tout en veillant à son éducation. Grace à tonton Albin, elle chope un bac + 4 en sciences éco, et tonton Jean-Luc (Lagardère) lui paye un Master of Business Administration.

Les marionnettistes du RPR aiment bien leur petite beurette, ils la soignent, on ne sait jamais, elle peut servir.

On se la refile entre copains, deux ans ici, deux ans là, un coup chez tonton Jacques (Attali), à la Berd, un coup chez tonton Jérome (Monod), à Suez-Lyonnaise des Eaux, mais on ne la garde jamais bien longtemps.

Rachida a 30 ans (déjà? Comme le temps passe!) et n'a toujours pas fini ses études.

En 95, on la case chez Bayrou, à l'Education Nationale.

Pour un audit financier, encore?

Vous plaisantez, j'espère.

Non, décidemment, Rachida et les sciences éco, ça va pas ensemble.

Elle a beau travailler, auditer, balancer, elle n'y arrive pas.

A l'Educ' Nat', elle repique au Droit (elle avait eu du temps d'Albin un bac + 4 en droit public) : conseillère juridique.

A partir de quoi sa vraie carrière commence enfin, grace à Marraine, la bonne fée Veil (Simone), qui la fait entrer sans passer de concours à l'Ecole Nationale de Magistrature (Rachida est archi-compétente, mais les concours, c'est pas son truc, elle préfère le piston, elle a été habituée comme ça).

Elle en ressort à 35 ans (35? Putain! Déjà? Ne me dites pas que j'ai galéré 13 balais pour choper un job, avec les relations que j'ai!) substitut du procureur à Ivry.

La page économique est tournée. Désormais, le domaine d'excellence de Rachida sera la (lutte contre la) criminalité.

Sa famille d'adoption ne la laisse pas longtemps moisir en banlieue.

En 2002, c'est la divine surprise et le retour de la droite aux affaires. Au ministère de l'Intérieur, petit tonton (Nicolas) la fait plancher sur un projet de loi contre la délinquance (sic), c'est-à-dire la caillera. Nicolas a déjà sa petite idée sur l'utilité de Rachida dans la croisade Le Péniste qu'il entend mener pour conquérir l'Elysée.

En 2004, Sarko quitte l'Intèrieur pour les Finances. Que faire de Rachida? (Vous connaissez son blème, à Rachida, l'économie, ça lui réussit pas). Qu'à cela ne tienne : il la garde au frais (du contribuable) : directrice générale (adjointe, faut pas pousser, quand même) du Conseil Général des Hauts-de-Seine.

Décembre 2006 : Rachida prend sa carte à l'Ump, janvier 2007, elle est instaurée Voix de son Maître, porte-parole du Candidat, et en mai de la même année, on la retrouve Garde des Sceaux, en charge de karchériser les banlieues (qui mieux qu'elle, en effet? pour endosser les lois anti-arabes du petit Nicolas).

C'est la gloire.

Et, déjà, les tuiles.

Elle n'a pas même le temps d'officialiser son premier Dir Cab (Directeur de Cabinet) : il se tire de suite.

Le deuxième tient une paire de mois, puis démissionne, suivi de près par trois autres du staff.

Et comme si ça ne suffisait pas, on apprend que Djamal, le frangin récidiviste passe en appel, et qu'un autre va suivre, en première instance celui-là, toujours pour la dope.

Panique dans les médias! Malgrè le black-out, ça fuite de partout.

On se précipite pour colmater les brèches, voler au secours de la pauvre Rachida.

Les hauts fonctionnaires démissionnaires? Des machos de carnaval qui ne supportent pas qu'une femme les dirige (ils avaient pourtant supporté, au même poste, Elisabeth Guigou).

Les frangins dealers? On choisit ses amis, pas sa famille.

Ces explications ne suffisent pas : le cas Rachida continue à intéresser, on attend le fin mot de l'histoire.

Qui est cette préposée à la matraque que des à-plat-ventristes de profession n'arrivent pas à supporter?

Est-elle dangereuse?

Quelles relations entretient-elle avec son ancienne famille?

La fréquente-t-elle toujours? L'ignore-t-elle depuis longtemps?

Rachida est-elle une beur qui ouvre les voies de la réussite aux populations des quartiers, ou une beur qui leur marche à tous sur le ventre?

On n'en saura rien.

La télévision excipe de sa pudeur naturelle à traiter un tel sujet, et exhibe une sénatrice PS qui se proclame hautement solidaire de la ministre (c'est ça la gauche, toujours solidaire).

Dénonçant une campagne de diffamation ochestrée par les bataillons exécrables du racisme anti-arabe et anti-féministe.

A laquelle les médias, cela va sans dire, ne participeront pas.

Arrêt des jeux.

L'affaire est close.

Or, à bien l'examiner de près, cette campagne de diffamation présente un caractère particulier, celui de n'avoir jamais eu le moindre début d'exécution.

Seuls des faits avaient un peu percé le silence, sans susciter beaucoup de commentaires.

A peine si furent rapportés les propos du dir cab lassé, disait-on, de se faire insulter toute la journée (propos qu'il démentit aussitôt, d'ailleurs).

Rien d'autre.

Rien sur Djamal, sa vie, son oeuvre.

Rien sur Rachida, son parcours, sa légende.

Rien sur les démissionnaires du ministère.

Cette campagne de diffamation n'avait eu pour thème que des faits évidents, et pour vecteur ce qu'en pensaient et disaient les gens entre eux.

C'est pourquoi la condamnation de cette campagne valait condamnation de ce que chacun pensait dans son for intérieur, et le refus de participer à cette campagne valait interdiction faite à chacun d'exprimer ce qu'il pense.


J'ignore si Rachida s'y retrouve, entre sa famille d'aujourd'hui et celle de son enfance, mais je peux la rassurer sur un point, ses vrais frères ne sont pas Djamal ni aucun autre repris de justice.


Son vrai Grand Frère, celui qui l'aime et la protége, n'ira jamais en prison, puisqu'il s'agit de Big Brother, le Frère qui regarde à l'intèrieur des têtes et nous dit ce qu'il faut penser et ce qu'il ne faut pas.


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