mardi 8 septembre 2009

Alerte à la grippe A


Je sens poindre la catastrophe sécuritaire.
A peine les classes ont-elles repris que dix d'entre elles ont fermé leurs portes pour cause de grippe A.
Aucun cas avéré, je vous rassure.
Il s'agissait d'une simple précaution.
Des migraines inquiétantes (à la vue, peut-être de la première dictée).
Des diarrhées suspectes (au reçu, sans doute, des premières notes).
Et ce n'est qu'un début.
Pour l'instant, il fait beau, attendons les bronchites (la grippe A, parait-il, attaque les poumons).
Je connais bien mes collègues du primaire et de la maternelle.
Il y en a, en gros, de deux sortes : les maniaques du B.O. (Bulletin Officiel), et les épuisés de naissance.
D'ordinaire, ces deux catégories de fonctionnaires s'affrontent et se haïssent.
Grâce à leur permanente guerre civile, le système éducatif, qui devrait ne plus fonctionner du tout depuis des décennies, a perduré jusqu'à nos jours.
L'inertie des uns paralysait l'activisme suicidaire des autres, et la menace policière de ces derniers aiguillonnait sur les voies arides du devoir la fatigue dépressive des premiers.
On va cette fois-ci les retrouver tous unis pour fermer les écoles au premier éternuement, les uns par respect des consignes de sécurité, les autres pour réaliser un rêve caressé depuis toujours.
Par ailleurs, il y a les enfants.
Vous avez sans doute remarqué qu'ils tueraient père et mère pour ne pas suivre les cours.
Quand l'un se met à tousser en classe, par exemple, tous les autres l'imitent, à s'en rendre malades.
Ils ne le font pas dans une mauvaise intention : ils tentent simplement de saboter, dans la modeste mesure de leurs moyens, l'activité de leur garde-chiourne.
Mais enfin, le résultat est là : en fin de journée, la bronchite de départ se retrouve accompagnée de 26 trachéites.
Et le lendemain, l'administration déplore une demi-douzaine d'absences supplémentaires, dûment autorisées par autant de certificats médicaux alarmants.
Je ne donne pas cher du réseau éducatif de notre pays cet hiver, si tous ses acteurs, enseignants, élèves, parents d'élèves, s'unissent pour le paralyser.
En revanche (car il n'y a pas que des mauvaises nouvelles), il n'y aura pas de grève cette année.
La grippe, de toutes façons, en tiendra lieu pour les plus excités.
Car nous serons, comme l'année dernière, en année électorale.
Des défilés, oui, la chienlit, non : elle affole les électeurs.
La gauche s'y opposera résolument.
Et avec elle, selon une tradition solidement établie, les syndicats de partageux dont le coeur bat pour pour le PS ou le PC.
Vous me direz, ces élections sont loin, elles n'ont lieu qu'aux beaux jours, ils nous reste l'hiver.
En pleine épidémie de grippe A?
Vous voulez rire.
D'ailleurs, le gouvernement a pensé à tout.
Luc Chatel a ouvert de grandes discussions sur je ne sais plus trop quoi, auxquelles sont conviés les syndicats sus-nommés.
ça les occupera, en attendant le dégel.
Et pour bien les accrocher au dialogue et à la compréhension mutuelle, il s'est fendu d'une déclaration affirmant que la profession n'était pas assez payée.
Les organisations de salariés sont bien obligées d'en tenir compte.
Dans le cas contraire, on le leur reprocherait.
C'était une annonce bien plus saine, économiquement parlant, qu'une autre où il aurait informé d'une augmentation de salaire.
Elle coûte moins cher, et elle fait quand même plaisir.
Certes, elle ne transporte pas aux nues.
Mais elle promet de longues et difficiles discussions avec les syndicats, qui dureront bien jusqu'à la débâcle (oui, la débâcle a lieu quand ça dégèle), au printemps.

1 commentaire:

Gagou a dit…

Courage ! les lecteurs vont revenir.