lundi 26 janvier 2009

Tous Nos Amis Sont Dans Le Cockpit


Le récent remaniement ministériel n'a pas vraiment changé nos vies.
(Je crois que même le départ de Rachida Dati n'aurait pas bouleversé la mienne).
Mais il nous a précisé deux ou trois petites choses.

D'abord, il y a eu Besson.
Le traître (mais n'était-il pas socialiste auparavant? C'était déjà un bon début), le traître, disais-je, occupait depuis 2007 une ou deux places de sous-ministre d'on ne sait plus quoi.
Il est maintenant préposé à la traque, à la rafle et à l'élimination du travailleur émigré et de sa famille, plus ou moins clandestine.
Fier de ses nouvelles responsabilités, il a déclaré à la presse (je cite ça de mémoire) : "j'étais dans un avion, on me propose de visiter le cockpit : j'y vais".

On ne saurait mieux dire
que la politique de la France est guidée par un souci majeur :
expulser, non pas les étrangers (Nicolas n'est absolument pas xénophobe, son mariage l'atteste)
mais les misérables venus d'ailleurs, qui ne possèdent rien d'autre que leur force de travail (ainsi que de nombreux enfants et pas de patrie, c'est pourquoi on les nomme prolétaires)
pour les renvoyer d'où ils n'auraient jamais dû sortir, en Négrolie, au Gypsiland ou en Albanistan.
Car on n'a pas besoin d'eux ici, nos usines sont là-bas.
Ou juste à côté, dans le Tchangland, en Maghrébie, au Roumanistan.
Qu'ils se débrouillent entre eux.
Nous, on ne veut plus les voir.
Sauf s'ils ont des papiers en règle : de beaux papiers verts (ou bleus, ou roses, ou jaunes, tous les goûts sont dans la nature) reliés en liasses, et portant la photo d'Abraham Lincoln ou d'un autre bienfaiteur de l'humanité, comme le roi du Maroc, la reine d'Angleterre ou le Grand Timonier.
Car le riche est toujours chez lui partout, et spécialement, ces derniers temps, dans notre beau pays.

Le souci, c'est le pauvre.
Le pauvre ne fait jamais rien comme les autres.
Quand il rentre dans un bureau, il y reste des heures.
Quand il va au supermarché, il s'assied à la caisse.
Quand il est dans un garage, il ne peut même pas te serrer la main tellement les siennes sont sales.
Le pauvre n'est qu'à moitié humain.
Il se nourrit de choses dégoûtantes achetées chez Lidl.
Et parfois, à la pleine lune, ou aux beaux jours, ou à l'appel du muezzin, il emplit les rues de sa masse grégaire.
Et là, en meute, il peut s'avérer extraordinairement dangereux.
C'est pourquoi, le premier souci d'un bon gouvernement est de s'occuper des pauvres.
Ils constituent la préoccupation principale des gens dans le cockpit.
Nicolas ne pense qu'à eux.
Il avait pris comme premier ministre l'ancien ministre du Travail (qui avait raccourci les retraites en 2003), François Fillon.
Il avait mis à la traque du travailleur clandestin son meilleur ami, Brice Hortefeux.
Et maintenant que celui-ci a fait ses classes auprès des mal blanchis, il l'a bombardé à son tour ministre du Travail.
Le Travail au sens large du terme, avec la Famille (le prolétaire est prolifique, nous l'avons vu, c'est l'un des traits de son animalité), et, grande nouveauté, le Fadelamaraland (quelques ship towns aux alentours des villes, en bordure de l'autoroute).
Le tout forme un super-ministère, qui réunit sous l'autorité de Brice les principaux aspects de la politique gouvernementale.

On prétend que notre Président donne le tournis aux observateurs, tant il fait de réformes diverses et variées.
Cette impression désagréable n'est due qu'à une illusion d'optique.
En réalité il n'y a, sous divers aspects, qu'une seule réforme, menée obstinément, et pas vraiment nouvelle : faire partout suer le burnous.
Obtenir toujours plus de travail pour encore moins d'argent.
Moins de retraite, moins de vacance, moins de jours fériés.
Moins de sécu, moins d'allocs, moins de pensions.
Moins de gens, mais pour autant de taf qu'avant.
Et jamais de la vie la moindre augmentation de salaire.
La situation exigeait ces mesures de rigueur.

S'il n'y avait pas eu cette catastrophe qui s'est abattue sur les riches (et là, la solidarité nationale nous a coûté très cher, car lorsque les riches manquent d'argent, ils en manquent beaucoup plus que les pauvres)
s'il n'y avait pas eu cette catastrophe naturelle, la France était sauvée.
Malheureusement, ce n'est pas le cas, et tout est à recommencer.
L'Etat a beaucoup donné.
Pour éviter la ruine, il faudra s'imposer énormément de sacrifices.
Qu'on ne pourra pas demander aux premières victimes de la crise, les riches, car elles ont déjà assez de mal à s'en sortir elles-mêmes.
Restent les pauvres.
C'est-à-dire les réformes.
Sarkozy nous l'a dit : elles seront accélérées et amplifiées.
Faire travailler le travailleur.
Foutre les autres au chômage.
Et rentrer la thune.
Tel est le programme, qui n'est pas sans risques.
C'est là qu'intervient, à sa modeste place, Fadela Amara.

Il se trouve en France un certain nombre de bantoustans où le respect se perd.
Les chefs traditionnels n'y sont plus écoutés.
La jeunesse se met à cracher lorsqu'elle évoque (assez rarement, il est vrai) le nom des vieux caciques, François Chérèque ou Bernard Thibault.
Ceux-là, qu'on satisfait facilement avec un peu de verroterie et un chapeau haut-de-forme pour asseoir leur prestige, ne tiennent plus leur monde.
Qui échappe ainsi à la civilisation du Travail, des Relations Sociales, de la Famille, de la Solidarité, dont Brice a reçu ministère.
La sauvagerie reprend ses droits dans la jungle asphaltée.
On y voit, à la nuit tombée, des petits groupes qui dansent autour de voitures brûlées.
Ils n'ont plus rien d'humain, ils ne sont plus accessibles à la raison.

Seules quelques figures irrationnelles peuvent encore trouver le chemin de leur coeur.
Pour d'infimes résultats, certes.
Le droit de traverser une rue, par exemple, lorsqu'on est ministre.
Ce n'est pas grand chose, mais ça aide.
Filmé au 20 heures, ça produit encore de l'effet.
Fadela, qu'on a nommé Secrétaire à la Ville, est de celles-là, qui peuvent se produire.
Elle glisse, immatérielle, entre les gouttes.
Elle ne dérange rien, elle ne touche rien, elle ne fait surtout rien (car ça coûterait de l'argent).
Elle parle, et c'est comme un enchantement.

Les chômeurs redeviennent des glandouilleurs, et les pères de famille des criminels contre le genre féminin.
Ses insultes à l'égard des populations miséreuses ont la couleur soudain de remontrances amicales
(un peu à la manière du Président lorsqu'il parle des salariés).
Elle a l'art de se mettre bien avec tout le monde.
Elle reste d'ailleurs, aux yeux du public, une personnalité de gauche, contrairement à Kouchner et Besson, qui n'ont plus droit à ce titre flatteur.
Car la gauche, c'est moins une question bassement matérielle que de respect humain.
Et question humanité, Fadela, elle se pose là.
Elle a eu ses meilleurs diplômes grâce à ça.
Et toutes ses rentrées d'argent.
C'est une pro.

Elle est modeste quant à ses résultats : elle n'attribue qu'onze sur vingt à son action parce que son plan Espoir pour les banlieues n'a suscité qu'onze mille emplois cette année (alors qu'il s'en détruisait plusieurs dizaines de milliers en raison de la crise).
Elle est modeste quant à ses ambitions : on suppose qu'elle s'accordera vingt sur vingt quand elle en sera à vingt mille.
Bref, elle est parfaite.
Tout le monde s'accorde à le dire : c'est une excellente ministre.
C'est pourquoi elle intègre elle aussi le cockpit.
Son Secrétariat aux zones pourries dépend désormais du ministère du Travail (qui ajoute la Ville à ses prérogatives).
Cela permet à Brice de récupérer la racaille qui avait tendance à lui échapper
(et de continuer à s'en occuper, comme lorsqu'il était chargé des centres de rétention).
Et c'est pour Fadela une réelle promotion.

Brice, Fadela, Eric : Nicolas s'occupe plus que jamais de nous.
Il nous a octroyé son homme de confiance, sa ministre la plus méritante, et son socialiste le plus fidèle et dévoué.
Il nous a gardé François Fillon, l'homme des retraites en 2003.
Tous nos amis sont dans le cockpit.
Et l'avion se dirige droit sur nous.

12 commentaires:

Anonyme a dit…

Pour se crasher ?

Anonyme a dit…

aujourd'hui un article du monde dit que le gouvernement redoute une convergence des mecontentements, on se demande bien pourquoi quand tout va si bien...

Gérard Amate a dit…

Je viens de visiter,o, ton site.
Je le recommande chaudement à mes rares visiteurs : ils ne seront pas déçus du détour.

Anonyme a dit…

"rares visiteurs", ben pt'être, mais de qualité ! oh ! sans blague ! La preuve...

Anonyme a dit…

Ouais, sympa le site d'o, j'ai adoré le chanteur mort du mois !!
Alors tu viens le 28 fév ??

Gérard Amate a dit…

Oui, moi aussi, c'est le chanteur mort du mois.
Comment tu sais pour le 28?

Anonyme a dit…

merci pour votre visite... quelques remises a jour en cours et je recommanderai aussi bientot une promenade salutaire par ici

Anonyme a dit…

Parce que c'est moi qui invite (le 28 !!)

Anonyme a dit…

Les gars et les filles de rezo.net y z'ont l'oeil quand même. C'est un plaisir de vous lire, vous dites la médaille et son revers avec cet humour nécessaire pour ne pas pleurer, sinon de rire. Le bunker étatique se fissure de toutes parts. Y'a des relents puants de peste brune qui s'en dégagent, le national-sarkoziste se met en place derrière les fumées de l'abattage médiatique.
A bientôt.

Anonyme a dit…

oui l'indignation en pantouffle ça ne coute rien de rien , n'est ce pas la derniere frontière d'un cynisme qui s'y connait ? ; quelque chose t'amène là , autre chose te pousse là bas et alors ? ; bien sur pour les immigrationistes le peuple autochtone n'a qu'à bien se tenir , partout les impérialistes chantent la meme chanson ....

Anonyme a dit…

En effet, excellent billet, gg.
On aurait pu penser que ce remaniement avait quelque chose de "déjà vu", mais non, tu fais remarquer que Méphisto a placé ses pions exactement où il fallait pour ridiculiser et faire plonger dans l'infamie encore davantage ceux qui sont passés de la gauche molle à la droite dure sans vergogne.
Gageons qu'ils sauront être à la hauteur des espérances de leur démiurge.

Je crois qu'il est temps de détourner cet avion fou.
Une remarque, cependant.
Dire que NS n'est pas xénophobe puisqu'il a épousé une étrangère, ce n'est pas un critère. Bien des xénophobes ont épousé des étrangèr(e)s (cf les colons et les militaires). Ce qui les rend encore plus crédibles auprès de leurs congénères, car eux "connaissent le problème de l'intérieur" et font donc figure d'experts.
Pour ce qui est de Sarko, un type que seuls l'argent et la parade intéressent ne se soucie ni de la couleur de l'argent ni de celle de celui qui le lui donne.
Quant aux femmes, il a (ce qui correspond à la vanité et l'exhibitionnisme du personnage) un penchant pour les belles femmes exotiques apparemment émancipées, mais en fait soumises.

Qu'il soit ou non xénophobe personnellement, là n'est pas la question. Ce qui est ignoble, c'est qu'il se serve de sa fonction pour orchestrer la xénophobie et la discrimination dans la population, flattant les plus bas instincts de certains.

Anonyme a dit…

Merci à tous, et mille excuses : je n'ai pas le temps de répondre, je suis à Nîmes.
bises