lundi 12 janvier 2009

La Réforme de l'Assurance-chômage


Le 24 décembre (c'était la veille de Noël) syndicats et patronat enrubannaient un beau cadeau pour les plus pauvres d'entre nous.
A 1 heure et demi du matin, ils a finalisaient un projet d'accord sur l'assurance chômage.
Qui allait vraiment faire plaisir aux demandeurs d'emploi.
Au lieu d'exiger d'eux qu'ils aient travaillé pendant 6 des 22 derniers mois pour avoir droit aux Assedic, 
on se contentait de quatre (sur 28).
Une excellente nouvelle pour environ 100 000 chômeurs par an.
Le patronat (charité bien ordonnée commence par soi-même) n'oubliait pas ses petits souliers.
Il exigeait une baisse des cotisations chômage de 0,5%.
Autant dire une baisse sensible des coûts salariaux.
Mais applicable seulement si les actuels surplus de l'Unedic subsistaient.
Rien que du raisonnable, donc.

La CFDT, ne vous étonnez point, a tout de suite signé l'accord.
Ce qui suffit à le valider (tel est le privilège des syndicats représentatifs).
La CGT, fidèle à elle-même, a refusé.
Au motif qu'on était en crise, et que le moment était mal choisi pour baisser les cotisation à l'Unedic.
FO, après avoir hésité, a fait de même.
CGC et CFTC tergiversent.
De toutes façons, qu'ils signent ou non n'a plus d'importance.
Puisque la CFDT l'a fait.
Et que ça suffit.

Personne n'a cependant commenté l'élan compassionnel  qui a saisi Chérèque et le patronat pour ces chômeurs sans ressource.
Car des chômeurs non indemnisés, il y en a des bottes : un sur deux.
Ce qui fait largement plus de 100 000.
Et dans le tas, certains ne sont pas épargnés par le nouvel accord.
Quelques milliers d'entre eux seront indemnisés moins longtemps
(il n'y a pas de petites économies).
D'autres, pas du tout
(on a trouvé qu'ils ne le méritaient pas).
Sans parler des moins de 25 ans qui, après le chômage, n'ont même pas droit au RMI
(à cet age, on vit d'amour et d'eau fraîche).
Et pour lesquels rien n'est prévu, sauf des hélicoptères pour survoler la cité.

On se demande un peu pourquoi tant de sollicitude à l'égard de ceux-ci précisément, qui on travaillé quatre mois mais pas six.

Il y a tout juste un an (le 14 janvier 2008), un autre accord était signé, sur la réforme du marché du travail.
Dite flexi-sécurité, en rêvant au "modèle scandinave".
Au Danemark, le patron peut te virer sans explication du jour au lendemain.
Mais tu as droit à 90% de ton net pendant cinq ans.
Et à mille formations professionnelles pour retrouver du job.
Bref, Byzance à Copenhague 
(mais pas à Paris, je vous rassure).
A l'époque, tout le monde avait signé, sauf la CGT
(qui voit le mal partout)
et quelques mois plus tard, une loi est venue verrouiller tout ça.

C'était un accord long comme un jour sans pain et, comme l'habitude, sur des broutilles.
Mais il contenait une sérieuse innovation : la rupture conventionnelle du contrat de travail.
 
Jusqu'à l'année dernière, quand le boss voulait te faire la peau, il lui fallait un motif.
C'était des fois dur à trouver.
Quant à toi, même si tu en bavais, tu ne pouvais pas démissionner.
ça t'aurait fait sauter les Assedic.
Avec la rupture conventionnelle, c'est le divorce à l'amiable.
Tu te barres, il pousse un grand ouf! de soulagement et tu files à l'Anpe toucher le chômedu.
Tout le monde est content.

Surtout les patrons.
ça leur permet de travailler à flux tendu, embaucher, débaucher qui ils veulent, comme ils veulent.
Alors qu'auparavant ils étaient tenus à quelques responsabilités sociales vis-à-vis des travailleurs.
Lesquelles étaient douloureusement coûteuses.
Ces coûts sont désormais supportés par l'Unedic qui
(regardez comme la vie est bien faite) 
est en partie financée par les salariés
(c'est toujours ça de récupéré).

Telle est la raison pour laquelle le droit aux Assedic est ouvert à partir de 4 mois de travail.
Il permet de virer par accord à l'amiable les travailleurs qui viennent à peine de retrouver du job.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Tout a fait exact ! C'est toujours plus de flexibilité pour le patronat, avec une miette de "sécurité" jetée au salariat. Et quand 100.000 précaires seront ainsi indemnisés deux mois plus tôt que d'habitude, 900.000 chômeurs verront leur couverture réduite de un à neuf mois avec cette nouvelle convention : ça en fera plus à l'ASS ou au RMI.
C'est la CGT qui l'a dénoncé en premier, elle "qui voit le mal partout", selon vous. A mes yeux, la CGT est le seul syndicat qui fait son boulot et ne donne pas ses fesses au patronat et au gouvernement.

Bien@vous,
Sophie

Anonyme a dit…

Je signale également que, pour que cette convention Unedic soit agréée par le gouvernement, il faut qu'elle recueille au moins TROIS signatures (dont une d'un syndicat et une d'une organisation patronale).

Que les collabos de la CFDT l'aient signée ne suffit donc pas, contrairement à ce que vous dites.

Et la CFTC (autre syndicat habituellement collaborationniste), pour la première fois depuis l'histoire de l'assurance chômage, a refusé de signer. Au moins a-t-elle tiré les leçons de son recul aux récentes Prud'homales.
Quant à la CFE-CGC, elle est "très réservée".

Mais qu'on se rassure : l'UPA (artisans) va bientôt signer.

De toutes façons, tous les 3 ans, les chômeurs sont les dindons de la farce Unedic.

Sophie

Gérard Amate a dit…

Et vous oublez aussi, pour troisième signataire, la CGPME, qui est une filiale de l'UIMM.
C'est pourquoi un seul syndicat suffit quand le patronat est d'accord.
Je vous trouve trop gentil avec la CGT qui, en d'autres circonstances, trahit elle aussi.
Mais j'avoue qu'en la circonstance elle est sans reproche.

Anonyme a dit…

C'est vrai.

Mais la CGT n'a pas non plus signé l'accord du 11 janvier 2008 qui a abouti à la «loi de modernisation du marché du travail», favorable aux employeurs et à la libéralisation de l'emploi, bien évidemment sur le dos des salariés et de leur protection sociale, qui allonge la période d'essai, instaure le "CDD à objet précis" et le divorce à l'amiable (ou "rupture conventionnelle") cher à Mme Parisot et que vous citez.

Je rappelle que, contrairement aux autres centrales, la CGT défend les chômeurs puisqu'elle dispose d'un comité de privés d'emploi dont le secrétaire général assiste aux négociations Unedic (alors que les associations de chômeurs AC!, MNCP ou APEIS, qui pallient au désengagement syndical vis-à-vis de cette population, restent, elles, sur le trottoir !). La CGT est la seule à s'intéresser à cette armée de réserve que sont les chômeurs et les précaires (les "outsiders") alors que ses homologues ne s'intéressent qu'aux "insiders".

Mais j'adore votre blog et votre style, et je vous en félicite. Tous mes meilleurs voeux pour 2009 !

Sophie (Actuchomage.org)

Gérard Amate a dit…

Merci du compliment.
La CGT est devenu un syndicat étrange, que je qualifierais volontiers de sociétal : contestataire à la base et au quotidien, mais au sommet refusant toute lutte globale.

Anonyme a dit…

Je viens de rattrapper un peu mon retard dans la lecture de votre excellent blog .Je n'ai rien à ajouter.Je vais d'ailleurs faire un lien du dernier billet sur mon pseudo blog (je n'ai pas votre talent donc j'y mets des liens ).
Je vous souhaite une bonne année (peut-être ,on peut rêver, l'année où tout va basculer...)

Gérard Amate a dit…

Vous êtes trop modeste : je viens de voir votre blog, en vitesse car je vais au boulot, il est de très bon goût, et c'est bien de l'honneur qu'y figurer.
Meilleurs voeux de même, mais pour le basculement, n'espérez pas trop : on est en année électorale, la gauche toute entière voudra que le peuple reste particulièrement tranquille.

Anonyme a dit…

Faut quand même relativiser : la cgt s'intéresse... trés (trés) peu aux chômeurs. Fut un temps elle avait ces "chômeurs rebelles" dont le secrétaire (desanti j'crois) siégeait ds les instances de la cgt. Mais c'est fini ça fait un bout de temps.
Alors certes la cgt n'a rien signé contre les chômeurs, c'est ce qui la distingue des autres, et c'est tout à son honneur. Et elle a fait du bon boulot ds l'épisode des recalculés (grace à Hoareau à Marseille). Mais elle était où pdt les occupations en 97/98 ?
Dans mon UL le prétendu comité de chômeurs... j'étais tout seul, et c'était des retraités qui s'en occupaient...
Mais bon les chômeurs aussi se précipitent pas au local. A tort ou à raison ils pensent que la cgt s'en fout complètement. En 5 ou 6 ans je n'ai vu qu'une fois une manif spécifique devt l'assedic, et c'était pour soutenir l'antenne locale, pour qu'elle se barre pas ds le chef-lieu.
Quand il fut question de supprimer l'ASS, à la "manif", j'étais devant, j(étais derrière, j(étais tout seul...
Je vais plus à l'UL. Ni aux manifs. Et encore moins à celle qui s'annonce du 29. Celle du "front commun syndical"... avc la cfdt

Anonyme a dit…

...avec la cfdt qui vient de faire condamner des intermittents et précaires http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=4200