mardi 2 décembre 2008

Feu Au Centre De Rétention


Cette semaine, j'attends un peu les élections professionnelles, jeudi.
On aura là probablement une occasion de se marrer un peu.
En attendant, j'ai lu un petit bouquin (Feu au centre de rétention, des sans-papiers témoignent, (7 euros)), qui mérite le détour.

Puisqu'il y a en France des centres de rétention.
Ce sont des camps où a lieu la concentration des sans-papiers raflés par la police.
Au bout de 32 jours, et conformément à la loi, ceux qui n'ont pas été expulsés peuvent en ressortir libres.
Ces centres, comme la plupart des camps, n'ont pas été conçus pour administrer des traitements inhumains.
Ce n'est pas Auschwitz.
Et d'ailleurs, nous ne sommes plus à la même époque.

Le centre de Vincennes était moderne : il y avait des caméras partout, de puissants projecteurs, et des policiers omniprésents.
Mais il ne manquait pas d'éléments plus traditionnels : chiens policiers qui aboient du soir au matin, comptage collectif des retenus, fouille des cellules à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit.
La nourriture n'était pas excellente, elle donnait vite des boutons.
L'infirmerie, rudimentaire.
La surpopulation, fréquente.
Le personnel d'encadrement faisait ce qu'il pouvait.
Bien, parfois.
Ou plus sommairement, souvent : brimades, insultes, défauts de soins, violences et tabassages, jusqu'aux coups de latte dans la tronche.
A des pères de famille qui n'avaient pas commis d'autre faute que de se trouver dans notre pays.
Et qui tentaient d'échapper à leur sort par la grève de la faim, la manifestation dans le camp, les départs d'incendie, le suicide ou l'automutilation.
Jusqu'au 21 juin 2008 où un retenu malade, à qui on ne donnait pas les médicaments qu'il réclamait, fut retrouvé mort dans sa cellule.
Le 22, le centre de Vincennes brûlait, incendié par les retenus eux-mêmes.

Depuis le mois de janvier, un comité de soutien était entré en communication avec les retenus de Vincennes .
Feu au centre de rétention (éditions Libertalia) est un ensemble des messages qui lui ont été envoyés.
Par bribes, on y voit passer et disparaître les prisonniers .
On y lit, au fil des mois, la dégradation de leurs conditions de vie, la montée de la solidarité quand l'administration veut les maintenir divisés, en nations, races et religions.
Et les efforts pour organiser la résistance, malgré tout.

Ce livre n'est pas seulement une information de première main sur les centres de rétention.
Il s'agit aussi d'une rare leçon de politique.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

intéressant, ce livre qui nous fait approcher le quotidien des sans-papiers.
Hélas, le pays croule sous la propagande et il est bien difficile de faire entendre leurs voix.
Cependant, il y a dans tous le pays des cercles de silence qui se mettent en place pour protester contre le traitement des sans papiers.
Parti de franciscains, le mouvement s'est amplifié et des orgas de gauche ont rejoint le cercle dans de nombreuses villes.
Mais cela ne plaît pas, évidemment aux fachos, qui vont faire des contre-manifs en braillant que ces manifestations sont "illégales".
Opposer le silence aux braillements, c'est déconcertant pour les brailleurs.

Gérard Amate a dit…

Je n'avais pas entendu parler de ces cercles de silence.
D'ordinaire, ce genre de démarche me déplait.
Mais je la trouve,là, pertinente.
C'est au delà des mots, comme on traite ces gens, comme on nous traite aussi nous, qu'on oblige à supporter de telles infamies.

Anonyme a dit…

Moi aussi, ces trucs ne sont pas ma tasse de thé, d'habitude. Du tout.
Mais avec le type de gouv que nous avons, c'est un symbole fort.
Et ce qui est surprenant, c'est que les gens s'approchent volontiers pour savoir ce qui se passe et certains rejoignent le cercle pour un temps - ou jusqu'à la fin. D'autres disent qu'ils ne peuvent pas mais se renseignent sur les dates suivantes.
Et le cercle s'agrandit. C'est aussi une façon d'intégrer ceux qui ne militent pas dans des assoces ou les partis, mais qui veulent bien faire une action symbolique pour montrer qu'ils sont solidaires.

Un cercle près de chez vous:
http://cercledesilence.info/les_cercles_de_Silence/sud.html
(il y en a plus de 80 dans toute la France, tout de même).

Demain, il y en a un près de chez moi pour l'anniversaire de la Déclaration des Droits de l'Homme.
Ce sera le troisième.

Cela n'empêche pas d'autres actions parallèles, évidemment.

Voili.

Gérard Amate a dit…

Je vois que c'est un par mois et, justement aujourd'hui à Lyon.
J'irai.

Anonyme a dit…

Comme ça, tu raconteras tes impressions.