mardi 14 octobre 2008

Ouf! Le Pire Est Evité!


Non, je déconne.
En fait, je m'en fous.
Car personnellement, 
vous allez trouver ça égoïste,
je n'ai rien.
Absolument rien.
Pas d'action.
Pas de piaule (mais un vautour : je loue).
Ni de bagnole.
Ou même un vélo.
Rien.
J'ai certes un compte en banque.
(et une Visa Electron, celle que les péages d'autoroute n'acceptent pas).
Mais sur ce compte, il n'y a rien.
La paye en début de mois, et, très rapidement, walou.
A part le trou du découvert.
Aussi, lorsqu'on nous présente l'addition, 360 milliards d'euros
(toute heureuse nouvelle a un prix)
c'est à dire, à la louche, 6 000 euros chacun,
chez nous, on est trois, ça fait 18 000,
je pouffe.
Je tiens solennellement, par la présente, à avertir ma banque (la BP) : je ne les ai pas.
Je ne sais pas où ils vont les trouver.
Mais pas chez moi, toujours.

D'ailleurs, y a-t-il vraiment crise?
On dit que l'activité ralentit.
Oui, mais pas toute.
Certains secteurs prospèrent.
Prenez, par exemple, celui des coffres-forts.
Il s'en vend en ce moment comme des petits pains.
Les magasins sont en rupture de stock.
Car la confiance envers les banques faiblit.
Les gens remballent la thune à la maison.
La maille et la jonquaille à portée de main.
Un autre secteur, du coup, va rebondir.
C'est celui des voleurs (autres que les banquiers).
De nouveau, le casse va payer.
Les soudeurs, les dessoudeurs, les serruriers, vont retrouver de l'emploi.
L'argent, qui dormait au fond des banques, va se remettre à circuler.
Irriguant l'économie de son flot bienfaisant.

Bien entendu, ce rétablissement ne va pas s'effectuer du jour au lendemain.
En attendant, la situation va se détériorer.
Le chômage augmente.
Le niveau de vie baisse.
Il ne faut cependant pas voir tout en noir.
Car ces menus inconvénients ont l'avantage de nous rappeler le bon temps.
Les jours heureux d'avant la crise, où tout augmentait sauf les salaires.
Et que le niveau de vie baissait.
C'est en écrasant une larme de nostalgie qu'on prendra notre mal en patience.

Certains, je le sais, n'ont pas ma chance.
Ils ont un peu de thune à gauche, et deux ou trois baraques qui les aident à vivoter.
C'est le cas de mon proprio, par exemple.
Il se fait un brave souci.
Les 360 milliards l'inquiètent.
Il se demande si on ne va pas le spolier pour renflouer les banques.

Brave proprio, tu as tort de t'en faire.
Les 360 milliards, comme on se tue à te le dire, sont essentiellement des prêts.
Gagés sur les emprunts immobiliers que les banques ont accordées.
Et dont elles attendent le remboursement.
Il est donc extrêmement important que l'immobilier ne chute pas.
Sinon la douloureuse serait aux frais de l'Etat.
Qui, inutile de te faire un dessin, n'en a pas le premier centime.

Les banques et l'Etat vont donc tout faire pour protéger l'immobilier, qui va vivre dans une bulle, 
à nos frais, 
à l'écart de la crise.
Les prix d'achat ne baisseront pas.
Et les loyers non plus, du coup.
Ecrasant ainsi un peu plus le pouvoir d'achat des non-propriétaires.
Pour la plupart, des travailleurs
que la récession frappe de plein fouet.
Ce qui s'appelle en bon français favoriser la rente.
Au détriment de l'économie réelle.

C'est pourquoi les commentateurs qui voient dans la crise récente la fin du capitalisme financier,
et le retour à l'économie réelle,
ont devant les yeux une plaque de boue
dont je renonce à mesurer l'épaisseur.
Que leurs propos alarmistes, cher proprio, ne troublent pas ton sommeil de vautour.
Tout est prévu pour que rien ne change.

Ce qui me désole un peu (quand on n'a rien, on aime bien le changement, ça fait des distractions).

Karl Marx l'avait déjà noté :
Plutôt une fin effroyable (ne faites pas attention, il rigole)
qu'un effroi sans fin (vous avez remarqué le jeu de mots?).

5 commentaires:

Anonyme a dit…

bé oui depuis des jours, naïf que je suis, j'arrête pas de me demander : d'où vient l'argent ? car après tout tant qu'à garantir 360 milliards, ils auraient pu en rajouter 15 milliards de plus (4% de plus c'est rien, une paille), et hop ! effacé le trou de la sécu !
je me trompe quelque part ?

Gérard Amate a dit…

En effet, tu te trompes quelque part : le pognon, ce n'est rien d'autre que la confiance qu'on a dans la garantie de l'Etat.
On peut lui faire confiance pour sauver les banques.
Pas la sécu.
C'est pourquoi il y a de l'argent pour les banques, et pas pour la sécu : il s'agit d'un phénomène réel, et pas d'un choix.

Anonyme a dit…

Je ne suis pas sûre de bien tout comprendre, mais ce que je vois, c'est qu'ils vont se remettre temporairement (virtuellement, sans doute) et qu'ils vont continuer de plus belle à sacrifier des millions (milliards?) de personnes dans le monde en leur enfonçant parallèlement encore plus la tête sous l'eau.
Tiens, Baverez, qui se proclame économiste et historien (donc, pas la moitié d'unc) a des solutions:

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/10/14/le-liberalisme-remede-a-la-crise-par-nicolas-baverez_1106721_3232.html

Gérard Amate a dit…

Emcee, si tu veux le fond de ma pensee, la voici:
Ricardo (1772, 1823) avait distingué trois partenaires du système économique : le prolétaire, le capitaliste et le rentier, ainsi vus : l'ouvrier agricole, le fermier et le propriétaire.
Dont les intérêts sont contradictoires, voire mortels les uns pour les autres.
Je pense en ces termes, ceux de Ricardo : non pas comme à gauche en termes de capitalistes et prolétaires, ou comme à droite en termes de capitalisme financier et capitalisme vertueux.
Bien entendu, la notion de rente y est prise au sens large : toute propriété permettant de lever un profit abusif.
Je constate que les états, en ce moment sauvent la rente.
Donc, le capital va (continuer à) souffrir et, par voie de conséquence, le prolétariat encore plus.
Je sais, ça a l'air d'une parfaite lubie intellectuelle.
Mais jusqu'à présent elle me rend assez bien compte des bizarreries de l'économie depuis plusieurs décennies.
Je n'en change donc pas.

Anonyme a dit…

Une si joyeuse apocalypse !
Bien à vous,

http://lesilencequiparle.unblog.fr