lundi 27 octobre 2008

Le Jour Des Morts


Cette semaine, je n'ai pas le temps de faire un vrai post : je retourne al païs.
Pas plus tard que demain. 
Pour honorer les morts de ma famille, à l'occasion de la Toussaint.
En fait, nous n'en avons pas encore beaucoup.
Ils sont seulement quatre, et encore en comptant large.
Mais c'est un début.
Avec le temps, ça devrait s'arranger.

On vient du Maroc.
Ou si vous voulez d'Oran, d'Almeria, de Faro, Portimao, mais c'est plus ancien : ça remonte à longtemps.
On n'était pas si éparpillés que ça, malgré les apparences.
Tous ces endroits de diverses nations se situent à quelques heures de bateau du détroit de Gibraltar.
On est de ce coin-là, de cette région.
Ici ou là, on a laissé des morts, mais jamais en grandes quantités.
Il y en a certainement beaucoup en Espagne et au Portugal, mais on ne les connait pas.
On n'en a jamais entendu parler.
On ne sait pas où ils sont enterrés.
On ne sait même pas comment ils s'appellent.
On ne peut pas dire que c'est de la famille.

Nos morts de France sont assez jeunes, à part la grand-mère qui avait claqué presque de suite en quittant son biotope.
Le froid l'avait saisie, en Alsace, à Strasbourg, au début des sixties.
Les autres sont au mieux teenagers, passés de vie à trépas dans les années 90.
Depuis, plus rien.
Non pas, remarquez-le, que nous jouissions d'une santé particulière, mais on n'est pas assez nombreux pour expirer régulièrement.
Chez nous, c'est à l'occase.
Ce qui ne nous empêche pas de construire petit à petit, à notre rythme, un ensemble de sépultures plein d'avenir.
Pour l'instant, il fait un peu désordre : on n'a pas deux défunts ensevelis dans le même département.
Outre la grand-mère du Bas-Rhin, on a l'oncle Robert (un Français de souche) dans les Pyrénées Atlantiques, mon père à Alès, et mon beau-frère (Français lui aussi) à St-Gély-du-Fesc, dans l'Hérault.
Mais c'est du solide, des concessions quasi-perpétuelles, du caveau de famille en puissance.
Ma mère, ma soeur, ma tante, comptent bien s'y installer un jour, dès que les circonstances le permettront.
Il n'est pas jusqu'à mon oncle de Strasbourg qui ne louche sur le tombeau de la grand-mère.
Et c'est bien normal qu'il en profite : c'est lui qui l'entretient, depuis toutes ces années.
Ces regroupements familiaux mettront fin à l'isolement de nos morts.
Ils auront moins l'air d'être des immigrés, arrivés en intrus dans les cimetières du pays.
Ils pourront définitivement s'intégrer au sol national.
On ne fera plus aucune différence entre eux et les Français d'ici.

C'est pourquoi je ne manque jamais de me rendre, à la Toussaint, auprès de mon père.
Ce n'est pas seulement par piété filiale.
C'est aussi par sentiment patriotique.
J'aime fouler cette terre qui ne nous a pas vu naître, certes.
Mais qui nous a recueillis et a fait de nous ses fils pour les siècles des siècles.
Autant qu'on puisse en juger, à l'ombre des cyprès.

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, je partirai.
Car c'est tôt le matin que partent de Lyon les TGV pour Nîmes à un prix abordable.

Vous me direz : la Toussaint, c'est que ce week-end, pourquoi tu pars si tôt (feignant)? 
Pour mieux choisir les chrysanthèmes?
Non pas.
J'ai horreur des fleurs.
Mais voilà : tant qu'à voyager, je vais aussi m'offrir une semaine de vacances en Provence.
On n'a qu'une vie, il faut en profiter.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

salut, gg
Encore une histoire sans concessions!

Oh? Une semaine en Provence? T'as vidé ton livret A avant qu'ils te piquent tout? ;-D

Allez, bonnes vacs. Ne rate pas ton train.

Un "français de souche"? Caisse?