jeudi 28 février 2008

Psychanalyste du Prézydent!


Il y a un Lidl à 100 mètres de chez moi.
L'autre jour, j'étais descendu vers 9 heures faire les courses, il faisait un temps splendide.

Or, chose étrange, il n'y avait personne dans la rue, personne au croisement du boulevard, ni à gauche ni a droite, le vide total, à part une alouette dans le bleu du ciel.

Qu'au début on n'entendait pas.

Et qui a fini par atterrir devant moi avec un vacarme infernal.
Deux lascars en sortirent.

(C'était une alouette 3 de la gendarmerie nationale.)

Et après m'avoir braqué, ils me firent monter dans l'hélicoptère.
Je vous passe les péripéties du voyage.

Toujours est-il que lorsque je pus enfin regarder autour de moi, je me trouvais dans une grande salle dorée et lambrissée.

Intimidé, je baissais le regard, et c'est alors que je le vis.
Là, tout près, presque à me toucher, Nicolas Sarkozy!

Himself.
Qui bondit sur une chaise, et me déclara droit dans les yeux :

-Alors, pauv' con, on la ramène moins, tout d'un coup!
Et il me tendit sa main afin que je la serrasse.
Je la pris entre les deux miennes, qui étaient menottées, et ce geste d'affection, un peu involontaire de ma part, eut le don de lui faire venir les larmes aux yeux.

-Enfin! s'écria-t-il, enfin un peu d'amour!

Et il éclata en sanglots.

Atrocement gêné, je consolai du mieux que je pouvais ce petit bout de chou en pleine détresse.

Il finit par se calmer, et tout en reniflant une dernière fois :

-Personne ne m'aime!
-C'est sûr qu'à gauche, on ne vous chérit point...
-Il n'est pas question de la Gauche!

-Ah bon?

-La Gauche est très correcte!

-Vous êtes bien le seul qu'elle n'ait pas déçu...
-Kouchner, Lang, Attali, Rocard, DSK sont venus à moi!
-C'est pourtant vrai!
-Et je ne vous parle pas de Fadela Amara!

-N'en parlons pas, alors.

-Ni de bientôt Claude Allègre!

-Ah bon, lui aussi?

-Prenez l'affaire des 11 000 enfants juifs...

-Prenons-la, si vous voulez...

-Est-ce la Gauche qui m'a assassiné, je vous le demande un peu?

-C'est-à-dire...
-Et bien pas du tout! Royal et Hollande avaient le premier jour trouvé cette idée formidable!

-Il est vrai qu'ils sont compatissants.

-Libé avait été vraiment compréhensif.

-Ces gens-là n'ont rien de cruel...

-Et c'est le Figaro qui m'est tombé dessus comme la vérole sur le bas-clergé!

-C'est pas pensable!
-Imaginez- vous que ces grenouilles de bénitier, ces catholiques de tradition franquiste se sont mis à jalouser mes petits martyrs!
-J'ai ouï dire qu'ils vous ont opposé tous les massacres advenus sur la planète depuis la disparition suspecte des dinosaures.
-S'il n'y avait que cela! Ils m'ont carrément accusé de n'en avoir que pour les Juifs!
-C'est pas Dieu possible...
-Alors que rien n'est plus faux!
-Je me disais, aussi...
-Et je vous le démontre à l'instant. Vous vous rappelez la loi sur la rétention de sûreté?
-Celle qui a été retoquée par le Conseil Constitutionnel?
-(Le Con-Con, faudrait pas qu'ils m'énervent! Déjà je leur ai mis la magistrature au cul, et si ça ne suffit pas, on passera à la garde à vue : 96 heures en tête à tête avec les keufs, et ils m'en reparleront, de la Constitution!)
Je vous disais donc que cette loi, comme l'a souligné mon fidèle sénateur Fénech...
-Le renard du désert?
-Entre nous on l'appelle Rommel. Donc, comme a dit Fénech, il était temps que cette loi arrive, on avait un certain retard, car "La mesure de 'détention sûreté' a été introduite dans le Code pénal allemand en 1933".

-En 1933? Vous voulez dire que...
-Elle était signée Adolf Hitler? Absolument! Même le Canard Enchaîné, qui n'est pourtant pas tendre à mon égard, a été obligé de le reconnaitre.

Et l'on vient après ça m'accuser de favoriser les Juifs!

-C'est en effet particulièrement odieux.

-N'est-ce pas? Alors qu'en réalité ma position à cet égard est tout à fait équilibrée : d'un côté la mémoire de la Shoah, et de l'autre l'hommage au regretté Chancelier du Reich.
-On ne saurait mieux faire dans l'équanimité.
-Ni dans le divertissant. Adolf Hitler Et Les 11 000 Mouflets, ça c'est du spectacle! Avouez qu'on s'amuse beaucoup plus avec moi qu'avec ce vieux débris de Jacques Chirac!
-Il ne savait pas s'y prendre...

-Les Français s'emmerdaient tellement avec lui qu'on ne les tenait plus! Tous les six mois ils étaient dans la rue!
-Ce fut en effet une période agitée.
-Tandis que moi, je fais le job, je mets les travailleurs au pain sec et à l'eau, j'affame les fonctionnaires, je réveille la caillera à l'heure du laitier, sans que la tranquillité de mes chers Neuillissois ne soit mise en péril!
-Chose que je m'explique mal...
-Cherchez pas, c'est un don : je sais distraire, amuser, indigner, et même, s'il le faut, leur arracher des larmes. Vive le mélodrame où Margot a pleuré, comme disait Musso.
-Musset, Monsieur le Prézydent, Alfred de Musset, et non pas Benito...

-Si vous voulez.
En tous cas, ne croyez pas que le show-business soit tous les jours facile, quand on a, comme moi, le sens de la morale et des responsabilités.
-C'est à dire?

-Il y a des choses que je m'interdis de faire, je ne tiens pas au succès à tout prix.
Prenez les retraites, par exemple.
Un sujet en or! Leur coller une année de cotises en plus, vous imaginez!
La France Qui Palpe versus La France Qui Tafe!
Un scénario de rêve!
Et bien j'y ai renoncé...
-Ah bon? Pourquoi ça?

-Trop le bins.
Trop risqué.
On les aurait eu de nouveau dans la rue.

On fera cette loi pendant les grandes vacances, lorsqu'il n'y aura plus personne.
Façon Adolf : t'apprends le résultat quand c'est déjà trop tard.
Et tant pis pour la frime.

Car c'est là le secret : passionner le public sans qu'il casse les chaises.
Mes producteurs ne me le pardonneraient pas, et alors, adieu la gloire! Les sunlights! Les invits en vacances à bord de jets privés!
Adieu les gonzesses et la réélection!

Je vis dans un stress permanent.

Il y a des soirs où je rentre du boulot l'âme et le corps brisés.

Comme là, tout à coup, je ne sais pas ce que j'ai, je n'en peux plus.


Le Présydent escalada un petit divan qui se trouvait dans un coin de la pièce :
-Permettez que je m'allonge cinq minutes. Je suis rompu.
-Je vous en prie, faites, je vais m'assoir sur la chaise à côté de vous.
Vous disiez donc que vous étiez brisé?

-Ouais, je suis un peu cassé, en ce moment, ça me prend des fois, comme un coup de fatigue.
-Vous aimez bien ce mot, cassé?

-Vous faites allusion à Casse-toi? C'est juste une expression... Tout le monde l'emploie.

-Et rompu, ça ne vous rappelle rien, non plus?
-La rupture? Pendant la campagne électorale? J'avoue, j'ai eu là un trait de génie.

-Et quoi d'autre? Approfondissez ce mot rupture...
-Rupture, rupture, je ne vois pas... Ah! Si! Cécilia!

Je ne sais pas, moi, rupture, trancher, couper dans le vif, perdre ses couilles...
-Et vous n'aimez pas ça, vous, perdre les votres...

-Il me semble que non...

-Ainsi donc, la rupture, ce n'était pas pour vous? C'était rompre les autres? Les casser, les briser, éclater, diviser, fracturer...

-Je me sens un peu mieux, docteur, je crois que je vais y aller...
-Voulez-vous qu'on se revoie sur la base, disons, de deux séances par semaine?

-Je n'osais pas vous le demander : où peut-on vous joindre?
-A Nîmes, vous savez bien. J'habite à la Zup.

Le prézydent fit un bond qui le jeta au bas de son divan :

-Gardes, saisissez vous de ce terroriste!
C'était presque effrayant, une voix si forte émanant d'un si petit organisme.

Quatre jours plus tard, j'étais libéré du commissariat, et filais en stop vers le Midi pour faire revalider mon RMI.

C'était moins une!

Tout de même, j'avais raté l'occase de ma vie : psychanalyste du Prézydent!
C'est ça qui m'aurait sorti financièrement de la mouise...

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah, gg, c'est très drôle!
Je me suis bien marrée.
Et que du vrai là-dedans.
Sauf, peut-être cette histoire d'alouette, que je n'ai pas bien comprise dans le contexte.
Mais bon, et la licence poétique, alors?
Sinon, tout y est: c'est la droite qui brame le plus fort contre les agitations présidentielles.
Le Pseuh, lui, doit attendre son heure, tapi dans l'ombre.
Ils sont tous concentrés sur les municipales. On leur a tellement dit qu'ils allaient gagner qu'ils ne veulent pas se faire moucher à la dernière minute par quelque cuistre UMPiste et casser le poteau laid.
allez, bises.

Gérard Amate a dit…

Ma chère Emcee, Sarko me désarme tant il est lourd. Il mériterait une thèse, dont voici les grandes lignes : ses incohérences de propos répondent, sinon à une stratégie, du moins à ce principe que "les peuples justifient les injures dont ils ne se vengent point". Toute sa vulgarité de gout, de comportement, de vocabulaire et de pensée concourt au consentement du public à sa dictature.
En ce sens, il est assez moderne. Les dictateurs classiques, Franco, Napoléon, De Gaulle, recouraient aux grands principes moraux. Les modernes, Hitler, Mussolini, Berlusconi, affich(ai)ent au contraire leur mépris des conventions sociales.

Anonyme a dit…

salut, gg!
Je voulais te répondre, mais ton com' m'a laissée perplexe et ... sans voix. Sans clavier, quoi.
Je n'ai pas tout suivi. Et quand je ne veux pas passer pour une buse, je fais le canard.

Oui, "il" est vulgaire. Mais, toi, tu penses que les gens sont donc majoritairement assez fascinés pour l'adopter indéfiniment? Ca rue un peu tout de même, non?
Bon, j'ai pas dit au PS, faut pas exagérer non plus.
Dans ses propres rangs. Même l'inbitable Gaudin qui évite de citer son mentor pdt sa campagne.
Euh, je suppose que tu ne pries pas toi non plus, mécréant? Bon si tu connais qqun de cette engeance (moi, j'ai personne de fiable à portée de bénitier), tu pourrais lui demander d'aller mettre un cierge pour qu'on se débarrasse de cet ââaaneuh, à Marseille (par chez moi, il faudrait carrément aller à Rome à genoux pour le déboulonner - si Dieu existe, évidemment, et si ce genre de prouesse l'émeut- mais bon, quand on a connu pire et qu'il n'y a rien de meilleur, hein ...)?

Mais je m'égare.

Suite ...
Et, il me manque une clé: qu'est-ce qu'un dictateur?
Bon, maintenant, je vais aller me prendre la tête avec GS. ;-D
Pas encore lu ton dernier billet.

Gérard Amate a dit…

Cet homme n'a, pour l'instant, jamais été pris au sérieux, comme dirigeant, par le pays; ni avant, ni après son élection.
S'il devait l'être, nous aurions du souci à nous faire : la haine qu'il suscite est le meilleur garant d'un amour futur, c'est en tous cas ce que prétendait Mittérand quand on lui disait qu'il était haï : alors, ils m'aimeront.
Je suis comme toi, Dieu n'est pas de mes intimes, mais à Marseille ça n'a aucune importance : ce qui compte, c'est d'être au mieux avec la Bonne Mère.
Enfin un dictateur, c'est un chef d'Etat qui règne sans partage. C'est pourquoi de Gaulle en était un, avec les petits défauts attachés à cette particularité, médias baillonnés, parlement sans pouvoir, état d'exception (article 16), etc... Mais c'en était un à la manière bonapartiste, soumis à plébicite, car, en bon maurassien, il se savait illégitime, n'étant pas le Roi.
De Gaulle, c'était ni plus ni moins Franco, mais dans un environnement différent.
Et Sarko, c'est la même chose, mais en tout petit.

Anonyme a dit…

OK, c'est bien ce que je comprenais avec "dictateur". Appeler un chat un chat.
Mais, si tout était bouclé avec De G (et qu'il y a eu exactions et tortures), il n'y avait pas la terreur au quotidien, me semble-t-il, qu'il y avait sous Franco.
Voilà pourquoi je fais un peu la différence.
Quant à Sarko, bonne définition!
Mais pour Mitterrand, il avait une autre envergure et plus de subtilité que ce taxi boy de dancing.
Je ne pense pas que les masses laborieuses se prennent d'amour pour quelqu'un qui leur ressemble, sauf qu'il aurait gagné au loto et ne serait pas partageux, revenant même les narguer dans le quartier avec ses trucs tape-à-l'oeil.
Et j'espère avoir raison. Sinon, ça fait peur.

La Bonne Mère? On ne peut pas lui faire confiance. 13 ans, qu'il est là, l'autre.

Gérard Amate a dit…

Ma chère Emcee, crois bien que si tes amis préfèrent l'apéro à l'informatique, je suis au désespoir de ne pas les connaitre.
Pour te donner une idée de mon calvaire à Lyon, je viens de discuter avec un organisateur de festival de films, qui voulait supprimer, pour des raisons pratiques, disait-il, la buvette du cinoche.
C'était dans un bar, on buvait des cafés, à la fin il les a tous payés. Avec les éconocroques, je me suis offert un cognac.

Anonyme a dit…

Et pourtant, à Lyon, on ne suce pas que de la glace non plus!
Arrrh, mon bon monsieur, tout ce perd. Si même à Lyon les buvettes ferment ... Bientôt il ne restera plus que les bouchons.
Mais au moins, vous avez un festival de films et plein d'autres trucs, d'ailleurs.

Mes amis, en plus, ils ne laissent à personne la possibilité de parler à leur place, alors, je te dis pas la pépie après ;-).
A tous, on n'arrête pas de refaire le monde, et ça doit être pour ça qu'il est tout tourneboulé.

Il y a eu une énorme avancée sur ce blog, j'ai vu. Tu as mis deux liens. Dont celui de l'excellent camarade VLG.
Je crois d'ailleurs qu'il est aussi du côté de Lyon. Comme quoi ...

Gérard Amate a dit…

Le plus dur, à Lyon, c'est tous ces gens qui disent bonjour. Au début, j'arrivais pas à m'y faire. Y'en a, ça les rend dingues. J'ai vu une fois un pauvre arabe monter dans le tram et dire bonjour à tout le monde jusqu'au moment où il est descendu, et là, c'était le contraire, il arrêtait pas de dire au revoir. Il disait encore au revoir sur le trottoir et on ne l'entendait plus parce que la portière s'était refermée.
C'est à ce moment-là que tout le tram s'est rendu compte qu'il était fada. Auparavant, ils le trouvaient surtout bien élevé.
Et moi, j'étais de tout coeur avec lui. Je lui ai fait un petit coucou à travers la vitre.

Anonyme a dit…

C'est vrai, ça, qu'ils disent bonjour,à Lyon? je n'ai pas remarqué, mais je les ai trouvés fort aimables.
Mais quand on sort de son bled, on trouve toujours les gens plus aimables.
Peut-être parce que nous sommes plus réceptifs et souriants, en fait.
Ah, tiens, un Arabe fada. Bon, c'était moindre mal s'il disait bonjour et
au revoir de façon répétitive. Il aurait pu souffrir de coprolalie.
Et là, je donnais pas cher de sa peau. ;-D
Allez, bises.

NB: j'ai écrit "ce" au lieu de "se" dans un com' précédent. Je suppose que tu auras corrigé de toi-même. Enfin, façon de dire.

Gérard Amate a dit…

ou de xénolalie, ce qui est encore pire.