mercredi 9 janvier 2008

Fadela, ni P... ni S...



Jeudi 03 janvier, Fadela Amara, affirmait dans Le Point, avec un certain courage, qu'elle ne voterait pas Sarkozy en 2012.

Ce qui, pour un membre du gouvernement, décoiffait sévèrement.

Le soir même, sommée de s'expliquer sur cet apparent paradoxe...... (mais citons la presse, et en l'occurrence l'à-peu-préïste Marianne 2 du 04/01) :

Ces propos « dérangeants » du jeudi se sont transformés en déclarations plus soumises dès vendredi (sic). Elle a fait savoir qu'elle voterait, finalement, pour le candidat « capable de mener à bien les réformes », et que les réformes, justement, Nicolas Sarkozy était en train de les réaliser.


Il est facile de faire de l'ironie à bon marché, en soulignant lourdement la «soumission» de Fadela.

Soumise, elle ne l'est pas tant que ça.

Car ces réformes de Sarkozy concernant les quartiers, qui donc les mènera, si ce n'est Fadela en personne?

C'est tout de même une sacrée garantie.

Et d'ailleurs, elles n'ont pas encore été annoncées que, déjà, elle s'en trouve très contente : ça va vraiment changer les choses, dit-elle (même si c'est un peu difficile à faire).

Normalement, tout devrait bien se passer; ce qui ne l'empêche pas de rester vigilante.

Un rien peut faire capoter la meilleure des réformes, comme, par exemple, la confier à des mains malhabiles.

Je veux dire, des mains autres que celles de Fadela.

Et qu'on exile cette dernière, brusquement, loin, très loin, du sacerdoce auquel elle consacre sa vie, pour la modique somme de 12 000 euros par mois, tous frais payés.

C'est là qu'elle se fâcherait.

Elle veut bien faire la soumise, mais pas à n'importe quelles conditions.

Et surtout pas gratuitement.

C'est tout le sens de sa remarque à propos de la réussite ou non des réformes promises.

Soumise, certes, mais pas pour rien, c'est sa devise (un peu, si je puis me permettre cette comparaison osée, à la manière des putes, qui tiennent à se faire payer parce que c'est la preuve qu'elles travaillent, et qu'elles ne font pas ça par vice).

Comme elles, Fadela a sa fierté.

Elle fait super bien son boulot, elle accepte les trucs «dégueulasses» (avec Brice Hortefeu, par exemple), et même des trucs qui répugnent aux copines, comme de lécher la raie de Nicolas le soir du Réveillon (10 ministres et 7 secrétaires d'Etat ont refusé d'y aller, mais pas Fadela qui est une vraie pro, et n'est dégoûtée par rien).

Mais jamais gratos, c'est une question de déontologie.


En attendant, et ça explique ses propos un peu vifs, ce n'est pas pour être de droite que Nicolas l'a embauchée.

Au contraire.

Quand il s'agit de négocier les virages délicats, Nicolas préfère, et de très loin, le fourbe aux dents longues qui rayent le parquet.

C'est plus stable et aérodynamique.

C'est ainsi que François Fillon, l'habile négociateur des retraites en 2003, a pris la tête d'un team d'exterminators des avantages sociaux, opérant nuit et jour sans pitié.

A ses côtés, Bernard Kouchner tient une place de préposé humanitaire à la vente d'armes tous azimuts, et Fadela fait la preuve qu'en traitant de glandeurs les chômeurs on devient respectable.

Car à gauche comme à droite, on aime assez cette rude franchise.

On aime cette icône parfaite (restons polis), d'une intégration réussie quand on n'a pas le bac, qu'on habite à la ZUP et qu'on parle caillera.

C'est un exemple, un modèle à suivre.

A condition, bien sûr, qu'elle ne s'avoue pas trop sarkozyste, sinon, ça pourrait tourner mal : Doc Gynéco ne chante plus nulle part, il reçoit des cailloux chaque fois qu'il essaie.

Encore plus que Kouchner, Fadela doit garder son image de gauche pour mener à bien la mission dont elle est investie.

Le Président est bien conscient du problème, «dégueulasse», «2012», il ne lui en veut pas vraiment, il attend les résultats.

Car Fadela a un plan, un plan génial, pour améliorer la situation politique du chef de l'Etat dans ces quartiers déshérités : tout arroser de thunes, sans claquer le moindre euro de plus.

Il s'agit de réaffecter les sommes consacrées à la réhabilitation urbaine ou à l'emploi aidé vers des associations triées sur le volet.

Nous l'avons tous constaté : un rayon de soleil au printemps enjolive mieux les cités qu'une coûteuse rénovation de façades, et les subventions à l'emploi ne changent rien aux statistiques désagréables du chômage en banlieue.

Tandis que la thune refilée aux assoces peut, dans certaines conditions, réactiver l'ascenseur social.

Fadela en est un exemple, qui a vécu jusqu'à ce jour de Touche Pas à Mon Pote et Ni Pute Ni Soumise, avant de devenir ministre.

Certes, ce n'est pas toujours facile.

N'oublions pas le martyre de son compagnon (et actuel conseiller spécial) Mohamed Abdi, condamné à 6 mois ferme pour escroquerie, dans le cadre de ces activités philanthropiques.

Mais dans l'ensemble, on y arrive.

Ça peut marcher.

On verrait les quartiers quadrillés par des escouades de volontaires semblables à Fadela Amara, tous nourris au blé de Fadela Amara, et qui distribueraient les miettes à des nuées de mendiants attroupés, en leur expliquant patiemment que ce n'est pas en faisant des émeutes qu'on décroche des subventions.


On pourrait alors rêver d'une France réconciliée avec elle-même, et devenue la cité idéale du sarkozysme triomphant : partout, depuis les cabinets ministériels et jusqu'au sein des classes dangereuses, en tous lieux et à perte de vue, il n'y aurait plus qu'un seul peuple de putes et de soumis, qui, pour gratter la thune, chanteraient la louange de Nicolas le Corrupteur, et de sa prophétesse, Fadela Amara.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

elle ose quand même dire et ça reste
elle est une des seule
courage Fadela

Gérard Amate a dit…

Ah bon?
Parce que quoi?
Dans l'opposition personne ne dit rien?
Fadela, elle ose dire, en effet, comme son maître et maquereau (Nicolas), tout et n'importe quoi.