jeudi 3 janvier 2008

Bonne Année!


Bonne année à toutes et tous, et particulièrement aux isolés, aux pauvres, aux malheureux, aux petits.

Les petits, surtout.

Nicolas, par exemple (il m'inquiète).

Je me fais du soucis.

J'ai écouté ses voeux, à la radio (d'une oreille un peu distraite, certes, car j'étais en train de bouquiner).

Au bout de trois phrases, j'avais déjà décroché.

Nicolas, d'ordinaire si captivant, avec son débit de garçon bien élevé qui voudrait aller faire pipi (mais qui se retient), ne m'intéressait plus.

Le charme était rompu.

A peine si, à la fin, j'ai remarqué sa promesse de nouvelles réformes désagréables.

Et je me suis dit que, franchement, comme voeux de bonne année, ça la foutait mal.

Il aurait pu trouver autre chose.

(Vous vous rappelez Mittérand? «Je crois aux forces de l'Esprit», c'était tout de même le niveau au-dessus.)

Pas mal de journaux s'affirmèrent déçus, eux aussi.

Certains, particulièrement fourbes, ont même commenté que ça leur rappelait Chirac, tellement c'était nul.

Oui mais voilà : Chirac savait le faire.

Il savait passer entre les gouttes, ne plus bouger, ne rien dire, ne plus se montrer, chaque fois que l'ambiance s'annonçait mauvaise pour lui.

Car, à certains moments de la vie politique, quoiqu'on fasse, tout va mal.

Le peuple vous hait.

Vos amis vous méprisent.

Plus rien ne marche.

C'est comme lorsque votre copine en a marre de vous. L'engueuler ou lui offrir des fleurs, dans ces conditions-là, est également contre-productif : tout l'énerve.

Il n'y a qu'une seule solution : se faire oublier.

En attendant que ça passe.

Chirac savait parfaitement gérer ce phénomène.

Depuis toujours, à peine ouvrait-il la bouche qu'il s'effondrait dans les sondages.

Il en était devenu Roi du Silence.

Même lorsqu'il parlait, il faisait gaffe à ne rien dire.

Surtout, pas de vagues.

Si bien qu'il nous a souhaité douze fois la bonne année, et on ne se souvient d'aucune.

Mais aussi, voyez le résultat : réélu avec 83 % des voix (seul Poutine en Tchétchénie a réussi à faire mieux)!

Nicolas, c'est exactement le contraire : la formule choc, la photo qui tue, les péripéties stupéfiantes.

On se souviendra de tout, et même de ses voeux hyper-chiants : c'est un médiatique.

Il n'arrive pas à se laisser oublier.

Ça l'angoisserait trop.

La solitude l'effraie.

Il a quitté sa maman à 28 ans, quand il s'est marié, et depuis, malgrè deux divorces et tous les avantages qu'offre la célébrité, il n'est jamais resté quinze jours célibataire.

Il faut qu'on l'entoure, qu'on le rassure (sinon ses tics deviennent affreux à voir, il n'arrive plus à dormir, et frappe tout le monde de ses petits poings hargneux).

Il ne supportera jamais l'absence de caméras, il y retournera toujours, même en sachant que ça lui fait du mal, qu'il va y laisser sa santé.

Rien que pour le flash de bonheur, quand arrive la dose de média, et le calme que ça procure tout de suite après.

C'est comme ça qu'il fonctionne, il a besoin d'être accroché.

Nicolas, ça va être un drame.

Il va s'autodétruire, tout seul, en direct à la télé.

Il a déjà commencé, avec ses voeux minables de bonne année 2008 (il aurait mieux fait de la jouer cool, et ne pas annoncer, urbi et orbi, qu'il allait, là encore, grave nous épater).

Et c'est bien la meilleure nouvelle du nouvel an.

Bonne année, bonne santé, ne lachez rien, la vie continue!

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