samedi 4 avril 2009

Le Salaire des Patrons


Parceque ma Freebox était en panne, j'ai écouté France Infos, pendant des heures, hier.
En prévision de ce post.
Car maintenant que Colonna est retourné en taule et que les syndicats appellent à manifester le Premier Mai (à quand l'appel à la grève pour le quinze août?), il fallait que je me trouve un nouveau sujet.
A la radio, ils faisaient tout un plat du G20.
(Je présume qu'à la télé aussi).
Le monde, presque, était sauvé.
Puisqu'Obama et Nicolas le voulaient.
Ils allaient rajouter aux 5 000 milliards de dollars déjà injectés sans arrêter la crise, les 1 000 milliards qui manquaient pour enfin tout arranger.
Ils allaient sévir (un jour, peut-être) contre les places financières off shore, à l'exception toutefois des îles relevant de la Courronne britannique.
Ils allaient, pour tout dire, casser les valorisations boursières qui ne reposent que sur du vent.
Et à cette excellente nouvelle, d'ailleurs, le CAC 40 fit un bond de presque 6%.

Fallait-il commenter de si flagrands délires?
Une autre croisade, menée par les médias, retint mon attention.
On allait aussi s'attaquer aux salaires des grands patrons.
Bien sûr, je l'avais déjà lu, ici ou là.
Il y a longtemps qu'on en parle.
Mais en audio, ça ne fait pas du tout le même effet.
On y croirait.
(C'est la magie des mass médias).
Au demeurant, je ne voudrais pas passer pour un sceptique sur ce point.
(genre, quoiqu'on fasse, ils se débrouilleront toujours pour étouffer la braise).
En fait, je m'en fous.
Ils peuvent bien gagner la thune qu'ils veulent, avec leurs stock options.
Ce n'est pas moi qu'ils lèsent.
Je n'ai jamais eu d'actions.
Je n'en achèterai jamais, même à vil prix.
Qu'ils les aient gratos ne m'intéresse pas.
Ne me croyez pas cependant insensible aux douleurs de ce monde.
Je conçois tout à fait la colère des malheureux actionnaires qui voient passer en d'autres mains des pans entiers de leur propriété.
Qu'ils avaient acheté avec leur bon argent.
Et que détournent à leur profit quelques douzaines d'individus peu recommandables.
La preuve, ils travaillent.
Et c'est bien là tout le scandale.
Qu'un employé puisse gagner autant que les propriétaires de la société.
Et qu'on puisse, en se levant tous les matins pour aller au bureau, devenir aussi riche que si l'on restait à dormir sur un matelas de titres et de valeurs.

C'est pourquoi France Infos n'avait pas réellement changé de ton, depuis la dernière fois que je l'avais écoutée.
A l'époque, elle en avait après le SMIC, scandaleusement plus élevé que les salaires de Chine.
Et les privilèges exorbitants attachés aux conditions enseignantes ou ferroviaires.
Lesquelles, au total, torpillaient l'économie de notre beau pays.
Cette fois-ci c'est, à l'autre bout de la chaine, les PDG qui trinquent.
Car les temps changent.
Il n'est plus vraiment décent de s'en prendre aux travailleurs pauvres.
Place aux riches.

Et à leurs abus. 
Ce sont les conseils d'administrations qui décident eux-mêmes des émoluments de leurs membres.
Aussi se votent-ils des gratifications qui n'ont strictement rien à voir avec la rigueur salariale qu'ils imposent aux autres.
Ils peuvent d'ailleurs se prévaloir d'un auguste exemple.
Celui du président de la république qui, tout en luttant farouchement pour réduire les salaires réels dans la fonction publique, augmentait le sien de 140%.
Mais enfin, Nicolas vous le dirait mieux que moi, ce n'est pas ce qui ruine l'Etat.
Cela ne représente qu'une infime partie de son budget.
Certes, il ne faudrait pas que tout le monde en fasse autant.
La France serait vite à la rue.
Mais on peut être rassuré : le prézydent veille.
Il nous l'a dit sur tout les tons : nous n'aurons pas un sou.
Et c'est bien pour ça que lui peut se servir.
Vous n'imaginez pas tout ce qu'il fait gagner au Budget à chaque fois qu'il gratte dix euros aux fonctionnaires.
Il est bien naturel qu'il en profite un peu.


C'est la même logique que suivent les patrons.
Leurs émoluments sont une goutte d'eau.
En regard des montagnes de braise qu'ils font gagner aux actionnaires.
D'ailleurs, c'est bien simple.
Ce n'est pas avec de la maille qu'on paye leurs ponts d'or.
Mais avec des actions.
Des stock options.
On en fait des actionnaires.
Et même parfois d'importants actionnaires, tel Ernest-Antoine, que sa cousine voulait traîner en justice; 
pour s'être trop bien servi pendant qu'il dirigeait le groupe familial.
C'est ainsi qu'ils deviennent riches.
Et c'est bien ce qui choque tout le monde.
Il n'est pas normal qu'un employé, si haut placé qu'il fût, en vienne à devenir propriétaire, si modeste qu'il soit.
Et finisse par gagner plus, en étant actionnaire, qu'il ne gagnait autrefois, en restant PDG.
On pouvait supporter de tels désordres lorsque rentrait la thune.
Cela devient choquant pendant les vaches aigres.
On dirait presque du socialisme, appliqué aux rentiers et aux capitalistes..
Et c'est pourquoi les vrais actionnaires, ceux qui sont payés par des entreprises dans lesquelles ils n'ont jamais travaillé et ne travailleront jamais, commencent à se révolter.
Car où règne le socialisme, règne la spoliation.
Ils en sont les premiers conscients.

On vote donc des lois afin, dans certains cas, d'empêcher les patrons de devenir propriétaires.
On voit, dans cette sorte de promotion qu'ils s'octroyaient systématiquement, quelque chose d'illégitime.
C'est un début, je trouve.
J'attends avec impatience qu'on vote une loi abolissant la propriété privée des moyens de production.
Car si, d'évidence; les grands PDG méritent peu les sommes astronomiques qu'ils empochent;
que dirons-nous alors des actionnaires qui, bien souvent, ne connaissent même pas le nom des entreprises dont ils sont co-propriétaires?

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