dimanche 4 janvier 2009

Meilleurs Voeux



Les Fêtes se sont bien passé.
Les Français n'ont pas reculé à la dépense.
Ils ont brûlé pendant la nuit du Réveillon 1147 véhicules (selon la police), contre 878 l'année dernière.
Sans réclamer à l'Etat aucune prime à la casse.
1 147 000 euros d'économisés.
Cadeau.
L'effet, sans doute, du plan Marshall pour les banlieues.
Qui a su redonner aux jeunes le goût de la fête et le sens du sacrifice aux grandes causes nationales.

Juste avant ces démonstrations de civisme, le Président nous avait présenté ses voeux.
Qui étaient bien meilleurs que ceux de l'année dernière.
Je me souviens, le 31 décembre 2007, il avait l'air plutôt embarrassé.
Gagner plus (en travaillant plus), réduire le chômage (en traquant les chômeurs), réduire les impôts (des riches, mais pas des pauvres), autant de thèmes durs à traiter.
Non qu'il ne l'ait réussi durant la campagne électorale.
Mais c'était alors par petits bouts, une chose pour les uns et son contraire pour les autres.
Un jour une annonce et le reste demain.
Personne n'arrivait à suivre, tout le monde était content.

Tandis qu'avec les voeux, c'est pas pareil.
Il faut enfumer la population entière en un seul coup.
C'est forcément plus difficile.
L'année dernière, il s'en était sorti avec des contorsions discursives qui faisaient peine à voir.
On sentait qu'il souffrait.
Cette année, il a rectifié le tir.
Dans la version new look, il faut toujours travailler plus.
Mais il n'est plus question de gagner plus.
L'expression a disparu.
Volatilisée.
Côté chômage, la présentation s'est sophistiqué.
Il a rajouté de nouveaux chômeurs :
"ceux qui ont perdu leur emploi sans y être pour quoi que ce soit"
en plus du traditionnel tas de feignants qui préfèrent rester chez eux à rien foutre plutôt qu'aller bosser.
Quant aux impôts, il ne s'agit plus seulement de les alléger pour les riches.
C'est par dizaines de milliards qu'il en distribue la thune aux banques et à tout ce que la France compte de propriétaires, grands ou petits, mais grands principalement.
Et il s'en vante!
(Tandis que le RMI, seul d'entre toutes les prestations, verra sa valeur en euros constants baisser de 1,5% cette année : les pauvres reviennent trop cher).
On sentait Nicolas nettement plus à l'aise dans ce programme réactualisé que dans l'ancienne version, où il promettait encore quelques douceurs aux travailleurs méritants.
Cette fois-ci, c'est seulement marche ou crève.
C'est bien plus simple à expliquer.
Il avait un débit plus rapide, un ton plus naturel.
Il était au meilleur de sa forme.
D'ailleurs, il revenait de vacances au Brésil, un cinq étoiles sur la plage.

C'est aussi pour cela que les fêtes se sont bien passées.
Il n'était pas là.
La télé avait l'air en panne.
Les infos, désemparées, nous annoncèrent plusieurs soirs de suite qu'il neigeait en décembre.
Et c'était peut-être vrai.
(Perso, à Nîmes ou à Lyon, on n'en a pas vu la couleur. Mais ailleurs, pourquoi pas?)
On était presque réconciliés.
On réveillonnait tranquillement, sans plus penser à lui.

Ses voeux, si réussis soient-ils, ont tout de même sonné la fin de la récré.
Les premiers à s'en rendre compte ont été ces malheureux gazaouis.

Le 31 décembre, Nicolas annonçait qu'il allait désormais s'occuper de leur bonheur.
Et ça n'a pas raté.
Trois jours plus tard, ils étaient envahis.
(Nous avons un Prézydent qui porte la chkoumoune.
Nous, on le savait.
Eux, ils l'apprennent.)
A croire qu'il était prévenu.
(Et ça, c'est tout à fait probable).
La suite, vous la connaissez.
Il se pointe lundi en Israël-Palestine.
Demander la paix, comme il y a six mois, en Géorgie.
(On ne change pas une combine qui marche.)
Pendant ce temps Tsahal, à l'instar des Russes précédemment, poursuivra sereinement ses objectifs de guerre.
En l'occurrence assassiner tout ce qu'elle peut de membres du Hamas.
Ce qui ne devrait pas prendre énormément de temps.
Après quoi, naturellement, elle rentrera chez elle, où elle dispose de casernes confortables.
Exactement comme les Russes ont fait l'année dernière.
Nicolas nous dira que c'est parce qu'il leur a fait peur, avec tout son courage dressé sur talonnettes.
(La preuve, ils sont partis.)
Et reviendra nous raconter qu'on a bien de la chance d'avoir pour chef le maître de l'univers.
Ensuite, il s'occupera de nous.
Ses fameuses réformes.

J'attends avec impatience la plus loufoque d'entre elles, celle des départements.
Qui, pour une fois, ne s'attaque pas qu'aux pauvres, mais à tout le monde.
Et même, plus particulièrement au coeur de son électorat : les vieux.
Continue comme ça, Nicolas, tu finiras bien par me faire plaisir.
Et meilleurs voeux.

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Bel effort! Écouter les vœux d'un président tient déjà de la gageure, mais tenir jusqu'au bout avec celui-là, cela relève de l'exploit personnel, d'une longue préparation psychologique. sauf, évidemment, pour ceux qui croient encore que "ça va aller mieux" et qu'il "maitrise".
Ce n'est certainement pas le cas ici, ai-je cru comprendre.
Moi, quand j'ai entendu la Marseillaise au poste, j'ai aussitôt éteint, de façon à ne pas avoir à souffrir davantage.
Deux petites choses que je désapprouve complètement, cependant: d'abord, les "vieux" ne sont pas tous des nantis, loin de là, comme tu sembles le suggérer.
2° S'ils ont, peut-être (je dis bien: "peut-être", car les sondages - à la sortie des urnes - ne donnent que des pourcentages et pas le nombre de personnes concernées dans chaque catégorie, bien floue, d'ailleurs), voté apparemment plus massivement pour le messie, c'est qu'il avait promis la "sécurité", dont les plus âgés sont très friands, et une augmentation très substantielle de leurs revenus misérables. Certes, on n'étais pas obligés d'y croire. Mais, selon sa com, il s'agissait du messie, tout de même, et un messie magicien, en plus, qui allait transformer tous les indicateurs dans le rouge en prospérité (grâce, d'ailleurs, à un gouvernement dont il faisait partie et où il avait également sévi à la tête du ministère de l'économie).
Pourquoi donc, les jeunes générations, voyant le danger et la démagogie d'une telle annonce, n'ont-elles pas tout fait pour l'expliquer à leurs parents et grands-parents, souvent perfusés aux chaînes de télé nationales, qui, on le sait, diffusent désormais directement depuis l'Élysée ou le ministère de l'Intérieur?

Deuxièmement, comparer ce qui s'est passé en Géorgie-Russie avec ce qui se passe à Gaza, c'est défier toutes les lois de la géopolitique. Il me semble que ces deux évènements n'ont pas grand chose à voir sauf que le dénominateur commun, c'est, une fois encore, ô surprise, les US et qu'ils ne sont pas dans les deux cas du même côté.

Cela étant, j'espère que tes (dernières?) vacances offertes par la Firme furent profitables (mieux vaut ne pas râler, d'ailleurs, sinon, on va nous dire qu'on préfère donc, c'est l'évidence, le travail, celui qui rend libre, évidemment à des vacances de luxe et exotiques) et que tu es prêt à affronter cette nouvelle année qui se présente sous les meilleurs hospices.
@ bientôt

Gérard Amate a dit…

Les meilleurs hospices de vieux?
Je ne voudrais surtout pas confondre Gaza et la Géorgie.
D'ailleurs le gnome non plus : gageons qu'il est plus favorable à Israël qu'il ne l'était à la Russie.
Mais ses marges de manoeuvres sont les mêmes : nulles; et ce qu'il en fait est identique : un flan.
Oui, oui, les vieux n'ont pas tous voté Sarkozy (ma mère, par exemple, ne l'a pas fait), mais il m'a fallu faire une phrase rapide.
J'espère qu'on aura l'occasion de traiter la question des départements : apparemment il l'a promis, et c'est une erreur politique radicale.
C'est vrai que c'était dur d'écouter ses voeux, mais il n'y en avait que pour dix minutes : une souffrance de courte durée.
Bonne année, et tous mes voeux à la succursale de Toulon.

Anonyme a dit…

oui, "hospices", c'était voulu, évidemment, tordue comme je suis... Et puisqu'on en parlait, des vieux. Mais je ne voulais pas te faire l'injure de signaler que c'était intentionnel.
Tiens, j'ai lu qqpart que l'empanafée veut baisser les retraites pour financer ... le crack boursier!
Les vieux et malades au secours des riches. Après les cardiaques au secours des Alzheimer. Et d'autres joyeusetés du genre.
Ils ont vraiment l'obscénité dans la peau.

Bon, alors on est d'accord.
Sur la Géorgie et le reste.
Mais je proteste pour les vieux, parce que je ne supporte pas qu'on stigmatise une partie de la population, alors que si cet abruti est passé, cela dépasse complètement le commun des mortels des électeurs (sans parler de ceux qui n'ont pas voté ;-D).
Car le menu était fort peu appétissant où qu'on se tourne. Et qu'il (le nul) avait longuement préparé son ascension jusqu'à veiller à avoir en face un(e) candidat(e) particulièrement nul. Et là, il a été gâté au-delà de toute espérance.
Enfin, c'est mon opinion.
Quant aux départements, je n'ai pas suivi. Mais s'il fait quelque chose, on est sûrs que ça sera pour détruire.
Quand il était petit (... enfin, j'me comprends), il devait casser tous ses jouets, juste pour se venger de ceux qui les lui avaient offerts.
Il est comme ça.
Quant à son voyage au MO, je crains le pire. Mais, au point où on en est, on ne peut pas être plus ridiculisés. Ca amusera sans doute Olmert, qui doit pas être bien drôle par ailleurs ... et distraira la population de Gaza qui a bien besoin de dérivatifs en ce moment.
Alors, un pitre, ça tombe bien.
Le pire, c'est qu'ils ne chercheront même pas à le kidnapper: ils doivent savoir que personne ne serait prêt à payer une rançon pour le récupérer ... et encore moins ses charmants amis.

Gérard Amate a dit…

Pour les départements, voici avec ceux que je connais : le Gard existe depuis mille ans, fief ecclésiastique, l'Hérault idem, la Lozère, c'est l'ancienne Gebalda (Gévaudan), le Vaucluse l'Etat pontifical.
La Révolution a rationalisé, mais elle n'a rien fait d'artificiel : c'était de vieux territoires.
Les régions, en revanche, sont artificielles, comme leur nom l'indique, Languedoc-Roussillon, PACA, etc...
La réforme veut supprimer les départements, qui sont des éléments d'identité culturelle, au profit des régions, qui sont essentiellement des réalités administratives.
L'Histoire montre que ce genre de réforme est très mal vécu par les populations.
Cette lubie d'énarques risque donc d'avoir un coût politique exorbitant, alors qu'elle est d'une portée limitée.
Une erreur de Parisien, si tu veux mon avis.
Au MO, il doit rencontrer Abbas, qui ne doit pas pleurer souvent sur le sort du Hamas.
Les deux compères se feront mousser dans le sang des Gazaouis, Israël et USA leur donnant la réplique.

Anonyme a dit…

C'est bien ce que je pensais: il veut TOUT détruire, ce béotien.
Il n'a aucune culture (et en rien, même en droit), comment peut-on compter sur lui pour préserver la nôtre? C'est un âne bâté (pardon les ânes, pardon les bâts).
Mais, parfois, ce sont des trucs anodins qui font tout basculer.
Il devrait être plus circonspect. mais là, c'est pas dans sa nature, à ce fanfaron.
Oui, il va probablement demander à Abbas de demander aux Gazaouis de faire moins de bruit quand ils souffrent. Ca dérange la sérénité d'Israël et de notre monde civilisé.

Gérard Amate a dit…

Dis-donc, emcee, j'ai vu sur ton blog : 56 coms sur la Palestine!
Comme dirait Rimbaud, ça ne veut pas rien dire.
Et 50 000 manifestants samedi...
On dirait que la politisation des quartiers avance à toute vitesse.

Anonyme a dit…

Oui, le hasard, c'est parti de rien, en fait. De VLG.
Plus important, ces manifestations partout dans le monde.
Même chez moi: une manif tonique, avec une communauté "maghrébine" ultra majoritaire. C'est rare, donc représentatif du ras-le-bol.

Anonyme a dit…

!!!...

Anonyme a dit…

après tout, QUI gouverne tout ça ?

Gérard Amate a dit…

Tiens, tiens...
Laurie Strano, je présume?